Al-Qaïda au Yémen, sous pression militaire, a lancé dimanche une attaque contre l'armée dans le sud-est du pays, tuant 12 militaires, après avoir tenté plus tôt à Sanaa de prendre d'assaut un point de contrôle proche du palais présidentiel et perdu trois de ses hommes.

Ces nouvelles violences interviennent alors que l'armée, engagée depuis le 29 avril dans une offensive contre Al-Qaïda, a réussi à reprendre plusieurs villes et localités que contrôlait le réseau extrémiste dans les provinces sudistes de Chabwa et d'Abyane.

Douze militaires ont été tués et douze autres blessés lorsqu'un kamikaze, au volant d'une voiture piégée, a forcé dimanche la porte d'entrée du camp de la police militaire à Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout, avant de faire détoner sa charge, a indiqué à l'AFP un responsable de l'armée.

Dans un précédent bilan, il a fait état de 11 militaires tués et de six blessés. Puis, il a indiqué que le corps d'un douzième soldat et six blessés avaient été retirés des décombres.

Selon lui, «une partie du bâtiment s'est effondrée sous l'effet de la déflagration».

L'hôpital de la ville a en outre annoncé qu'un blessé civil de l'attentat avait succombé, portant le bilan de l'attentat à 13 morts.

«Le kamikaze appartient à Al-Qaïda», a affirmé le responsable militaire.

Le palais présidentiel visé à nouveau 

Peu auparavant, le ministère de l'Intérieur a annoncé la mort de trois «terroristes», tués après une attaque, la deuxième en trois jours, contre un point de contrôle près du palais présidentiel à Sanaa.

Un quatrième «terroriste» et un civil ont été blessés dans l'assaut contre ce poste tenu par la garde présidentielle, selon le ministère.

«Les trois terroristes ont été abattus lorsqu'ils ont attaqué le point de contrôle au rond-point Misbahi», à quelque 700 mètres à l'ouest du palais présidentiel, a précisé le ministère.

Vendredi, le même point de contrôle avait été la cible d'une attaque par des membres présumés d'Al-Qaïda, bien implanté dans le pays, qui ont tué cinq militaires et en ont capturé d'autres. Au moins trois assaillants avaient été tués dans cette première attaque, selon des sources de sécurité.

Al-Qaïda affaibli, mais menaçant 

Un porte-parole de l'armée, cité par l'agence officielle Saba, a affirmé dimanche que «des centaines de membres d'Al-Qaïda ont été tués ou blessés» dans l'offensive de l'armée.

Selon lui, Al-Qaïda a perdu «des dizaines de ses cadres, en majorité des Arabes et d'autres nationalités».

«Des fiefs d'Al-Qaïda à Chabwa et Abyane ont été totalement rayés de la carte (...) et nous avons saisi des stocks d'armes, d'équipements et de matériels servant à la fabrication d'explosifs et à préparer des voitures piégées», a-t-il encore dit.

Un analyste yéménite, Mohsen Khosrum, a indiqué qu'«Al-Qaïda a été très affaibli à Chabwa et Abyane et que ses combattants ont fui en direction de Marib et de Baïda», respectivement à l'est et au sud de Sanaa.

Le réseau «a aussi des cellules dormantes» à Sanaa, a averti cet ancien officier de l'armée, indiquant que les deux dernières attaques près du palais présidentiel à Sanaa étaient destinées à «réduire la pression sur les combattants du réseau dans le sud».

Un officier militaire a affirmé à l'AFP que «la situation est calme dans les provinces du sud, où l'armée s'est déployée ces derniers jours dans les régions reprises à Al-Qaïda», ajoutant que les insurgés «avaient cherché refuge à Al-Kour», un massif montagneux reliant les provinces d'Abyane, Chabwa et Baïda.

«L'armée devrait recourir à des raids aériens dans sa traque de ceux qui ont fui dans les montagnes d'Al-Kour», difficiles d'accès, a ajouté l'officier.

Mais l'analyste Mohsen Khosrum dit «redouter le pire». «Al-Qaïda pourrait recourir à des attaques spectaculaires et aux attentats contre des personnalités publiques et des sites sensibles» notamment à Sanaa.