Au mois dix personnes ont péri vendredi dans un double attentat à la voiture piégée lors d'une réunion électorale d'une formation chiite à Bagdad, ont indiqué des responsables à moins d'une semaine des élections générales en Irak.

Les deux explosions, qui ont fait aussi au moins 21 blessés, ont visé vers 17 h 30 (10 h 30 heure du Québec) un rassemblement de la branche politique de la milice Assaïb Ahel al-Haq (La ligue des Vertueux), selon un colonel de police et des sources médicales.

L'attentat n'a pas été revendiqué.

Les Irakiens sont appelés à élire leurs députés mercredi, le premier scrutin depuis le départ des troupes américaines fin 2011.

Au pouvoir depuis 2006, le premier ministre Nouri al-Maliki espère remporter un troisième mandat, malgré sa contestation par la minorité sunnite et les accusations de corruption et de «dictateur» lancées par ses détracteurs.

Un responsable du ministère de l'Intérieur, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a précisé qu'Ammar al-Hakim, le chef du parti des Citoyens, une organisation autrefois puissante et considérée comme proche du régime iranien, participait à la réunion, ainsi que le leader de la milice chiite visée, Qaïs al-Khazali.

Assaïb Ahel al-Haq, qui a intégré le jeu politique après le départ des troupes américaines, est responsable de l'enlèvement en 2007 du Britannique Peter Moore, et de la mort de plusieurs de ses gardes du corps. La milice est aussi accusée d'être derrière une attaque de janvier 2007 au cours de laquelle un soldat américain a été tué et quatre enlevés, puis retrouvés morts.

Washington a régulièrement accusé l'Iran d'avoir entraîné et financé Assaïb Ahel al-Haq, ce que Téhéran a démenti.

Qaïs al-Khazali avait été arrêté en 2007 par les Américains, puis relâché en janvier 2010, six jours après la libération de Peter Moore.

De nombreuses formations chiites, dont le mouvement Ahrar, lié à l'influent chef radical Moqtada al-Sadr, affrontent M. Maliki, lui-même chiite, dans ses bastions électoraux du centre et du sud du pays.

Les institutions politiques irakiennes sont quasi paralysées en raison de la crise politique et de l'insécurité persistante. Le Parlement a approuvé très peu de projets de loi depuis mars 2010.

Ces blocages politiques interviennent sur fond d'une escalade de la violence qui ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2008, lorsque le pays sortait tout juste d'un conflit confessionnel particulièrement meurtrier, après l'invasion américaine de 2003.

Depuis le début 2014, près de 3000 personnes ont péri dans les violences, que ni l'armée ni la police, elles-mêmes régulièrement visées, ne parviennent à juguler.

Les troubles sont alimentés par le conflit en Syrie voisine et par le mécontentement de la minorité sunnite irakienne, qui s'estime discriminée par les autorités, dominées par les chiites.

Ailleurs dans le pays, deux soldats ont été blessés lors de l'explosion d'une bombe au passage de leur patrouille, à 45 km à l'ouest de Kirkouk (nord), a indiqué une source de sécurité.