L'élection du successeur au président afghan Hamid Karzaï semble a priori «moins frauduleuse» que la dernière présidentielle, en 2009, a affirmé lundi la commission des plaintes électorales à propos d'un scrutin crucial pour la transition démocratique dans le pays.

De Kaboul à Kandahar, environ sept millions d'électeurs ont défié les menaces talibanes et les intempéries samedi pour le premier tour de la présidentielle afghane.

De nombreux analystes et observateurs craignaient la répétition du scrutin de 2009 endeuillé par les attentats des rebelles talibans et entaché de fraudes massives.

La Commission a indiqué lundi avoir reçu 122 plaintes contre les candidats à la présidence, tout en soutenant que le scrutin semblait plus transparent que celui de 2009.

«Nous pensons que ce scrutin a été moins frauduleux que le dernier», a déclaré Abdul Satar Saadat, le chef de la Commission des plaintes électorales (ECC), organisme chargé d'enquêter sur les allégations de fraudes.

«Problèmes», «irrégularités» voire «fraudes graves» : les trois favoris à cette joute électorale, Zalmai Rassoul, un proche du président sortant, l'économiste Ashraf Ghani et l'opposant Abdullah Abdullah ont relativisé depuis le succès du scrutin.

M. Abdullah, qui avait terminé en seconde place en 2009, a aussi dénoncé le bourrage des urnes et l'intimidation contre des électeurs par endroit.

Au total, la Commission a reçu 1400 plaintes, mais ces allégations n'ont pas été étayées à chaque fois par des preuves tangibles, a noté M. Saadat, précisant que la majorité des griefs était liée au manque de bulletins dans les bureaux de vote.

Les autorités afghanes procédaient lundi au dépouillement des bulletins de vote, opération sensible qui pourrait faire l'objet de multiples contestations.

Les résultats préliminaires du premier tour seront connus le 24 avril, prélude à une période de contestation et un possible deuxième tour le 28 mai.

Treize morts

L'explosion d'une bombe en bordure de route au passage d'un camion a tué 13 civils lundi dans le sud de l'Afghanistan, première attaque majeure dans le pays depuis l'élection présidentielle de samedi, ont indiqué les autorités.

«Un véhicule de civils a percuté une bombe plantée en bordure de route dans le district de Maiwand», de la province de Kandahar, a déclaré à l'AFP le chef de la police provinciale Ghorzang Afridi. «Treize hommes sont morts dans l'explosion, tous des civils. Il y a aussi eu cinq blessés, incluant une femme et des enfants», a-t-il ajouté.

Le véhicule en provenance d'un village reculé se dirigeait vers la ville de Kandahar, ancienne capitale des talibans, lorsqu'il a heurté cette bombe artisanale, une des armes de prédilection des talibans avec les attentats-suicide, ont précisé les autorités.

Les talibans du mollah Omar avaient promis de «perturber» le premier tourde l'élection présidentielle afghane.

Si le déchaînement d'attaques promis par les talibans n'a pas eu lieu, au moins vingt personnes (quatre civils et seize membres des forces afghanes) ont péri dans des violences, avaient indiqué les autorités dimanche.