Al-Qaïda a lancé mercredi à Aden, dans le sud du Yémen, un assaut contre le QG de l'armée, tuant six militaires et deux civils, en dépit des mesures prises par le gouvernement pour prévenir les attaques du réseau extrémiste, fortement implanté dans le pays.

L'attaque a visé le siège du commandement de la 4e région militaire à Tawahi, un quartier d'Aden.

Selon un mode opératoire déjà utilisé par Al-Qaïda, les assaillants ont réussi à s'infiltrer dans le QG de l'armée après l'avoir attaqué aux lance-roquettes RPG et en faisant exploser une voiture piégée, neutralisant les sentinelles en faction, selon une source militaire.

Le bâtiment attaqué se trouve pourtant dans un secteur très sécurisé regroupant les locaux de la police politique et du renseignement ainsi qu'une base des forces maritimes et une résidence de la présidence de la République.

L'opération a été menée sur deux fronts: «un groupe d'assaillants a attaqué le bâtiment par le nord, où certains ont réussi à s'infiltrer en escaladant le mur d'enceinte, alors que d'autres ont fait exploser une voiture piégée à l'entrée des locaux, située plus à l'ouest», a expliqué la source militaire.

«Six militaires, trois assaillants et deux civils, des piétons, ont été tués dans l'échange de tirs» qui a suivi l'assaut, a précisé cette source, ajoutant que l'accrochage se poursuivait plusieurs heures après le début de l'attaque.

Des renforts de la 31e brigade blindée ont été acheminés à Tawahi, dont les entrées et les sorties ont été fermées, a ajouté la source militaire.

L'agence officielle Saba, citant un responsable des services de sécurité, a indiqué qu'il s'agissait d'«une attaque suicide menée par des terroristes d'Al-Qaïda».

«Les gardes du QG ont mis en échec cette lâche attaque» et les forces gouvernementales pourchassaient certains des assaillants qui ont réussi à prendre la fuite, selon Saba.

Nouveau défi aux autorités

Al-Qaïda défie ainsi les autorités yéménites, qui ont multiplié ces dernières semaines les mesures pour tenter d'enrayer la vague de violences qui touche le pays.

Le ministre de l'Intérieur, Abdelqader Qahtan, et le chef du service du renseignement politique, ont ainsi été limogés le 8 mars par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait dénoncé les lacunes des services de sécurité, à l'origine d'une grogne dans le pays.

Sur ordre du nouveau ministre de l'Intérieur, le général Abdo Tareb, trois chefs de la sécurité ont été relevés de leurs fonctions pour n'avoir pas pu prévenir une attaque attribuée à Al-Qaïda contre une position de l'armée au Hadramout (sud-est), qui a coûté la vie le 24 mars à une vingtaine de soldats.

L'attaque d'Aden rappelle l'assaut mené fin septembre 2013 contre le QG de l'armée à Moukalla (Hadramout), où des insurgés d'Ansar Al-Charia, un groupe extrémiste lié à Al-Qaïda, s'étaient retranchés pendant quatre jours en prenant des soldats en otage. L'assaut s'était soldé par au moins 12 morts.

Le réseau extrémiste, qui a multiplié les attaques spectaculaires dans le pays, a aussi étendu ses actions à Sanaa où il a revendiqué un assaut spectaculaire en décembre contre les locaux du ministère yéménite de la Défense, faisant 52 morts.

Al-Qaïda a tiré profit de l'affaiblissement du pouvoir central à la suite du soulèvement populaire de 2011 contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh pour renforcer sa présence dans le pays, où il est désormais actif dans le Sud et le Sud-Est.