Au moins trois soldats libanais ont été tués et quatre blessés samedi dans un attentat mené par un kamikaze qui s'est fait exploser à bord de sa voiture devant un barrage militaire proche de la frontière syrienne, a annoncé l'armée.

«Un kamikaze a fait exploser sa voiture à son arrivée à un barrage de l'armée dans la région d'Aarsal», dans l'est du Liban, frappé par des violences liées au conflit en Syrie voisine, a précisé l'armée dans un communiqué.

«Trois soldats ont été tués et quatre blessés», et l'armée a bouclé le secteur, indique le texte.

Signe des tensions dans la zone, une femme a été tuée et son enfant blessé en soirée par des soldats qui ont ouvert le feu «lorsque le véhicule qui les transportait ne s'est pas arrêté à un barrage de l'armée à l'entrée d'Aarsal malgré les injonctions des militaires», a affirmé un porte-parole de l'armée à l'AFP.

Aarsal est une localité libanaise majoritairement favorable à la rébellion syrienne, et qui accueille un grand nombre de réfugiés fuyant les violences en Syrie, ainsi que des rebelles blessés au combat.

Sur Twitter, un groupuscule obscur, le Liwa Ahrar al-Sunna à Baalbeck (Brigade des sunnites libres), a revendiqué cet attentat, affirmant qu'il visait à «venger la mort du martyr Sami al-Atrache».

Ce dernier, soupçonné d'implication dans des attentats à la voiture piégée contre des bastions du Hezbollah chiite libanais, qui combat les rebelles aux côtés du régime syrien, a été tué jeudi à Aarsal lors sa capture par l'armée, qui l'a qualifié de «dangereux terroriste».

La participation du Hezbollah dans la guerre en Syrie aux côtés des hommes du président syrien Bachar al-Assad a exacerbé les tensions confessionnelles au Liban, les sunnites appuyant pour la plupart la rébellion, tandis que les chiites sont en majorité partisans du pouvoir de Damas.

Liwa Ahrar al-Sunna, qui a fait son apparition il y a quelques mois seulement sur Twitter pour revendiquer des attaques contre le Hezbollah et l'armée, a menacé sur ce réseau social de mener de nouvelles attaques contre l'armée libanaise, qu'il accuse de «viser» les sunnites.

«Les prochains jours verront de nombreuses attaques jihadistes similaires, ce n'est que le début», a prévenu le groupe. «Nous avons mis en garde depuis des jours que les exactions de l'armée croisée qui vise les sunnites du Liban n'étaient plus acceptables», a encore tweeté le groupuscule.

Le jour de la mort de Sami al-Atrache, le groupuscule avait indiqué que cet incident allait ouvrir «les portes de l'enfer» pour l'armée libanaise, affirmant que celui qui tuait un soldat libanais «allait au paradis».

L'armée libanaise est accusée par des groupes extrémistes de «discriminer» les sunnites appuyant la rébellion, tandis qu'elle ferme l'oeil sur l'envoi par le Hezbollah de combattants en Syrie.

Liwa Ahrar al-Sunna avait revendiqué le dernier attentat à la voiture piégée qui a frappé l'est du Liban le 16 mars, faisant deux morts. Le Front al-Nosra au Liban, un groupe soupçonné d'être lié à l'influente branche d'Al-Qaïda en Syrie, avait également revendiqué cette attaque.

Depuis l'été 2013, plusieurs attentats sanglants ont frappé les bastions du Hezbollah au Liban, revendiqués par des groupuscules extrémistes sunnites qui affirment riposter ainsi à l'implication du Hezbollah en Syrie.

L'attentat de samedi intervient quelques heures après un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a justifié de nouveau l'engagement de son parti en Syrie.

Le puissant mouvement armé chiite a condamné samedi l'attentat «terroriste» contre les soldats, affirmant que le «terrorisme extrémiste est l'ennemi de tout le monde».