Les violences ont fait au moins quinze morts mardi en Afghanistan, dont cinq lors de l'attaque par un commando-suicide taliban d'un bureau de la commission électorale de Kaboul, à moins de deux semaines du premier tour de la présidentielle.

Chassés du pouvoir en 2001 par une coalition militaire dirigée par les Américains, les talibans ont promis de mobiliser tous leurs moyens pour «perturber» ce scrutin qui fait figure de test pour la stabilité du pays.

Peu avant midi, un kamikaze taliban s'est fait exploser devant un bureau régional de la commission électorale indépendante (IEC), l'instance chargée de veiller au bon déroulement de l'élection, à Darulaman, un quartier de l'ouest de Kaboul.

Profitant de la confusion, un groupe d'individus lourdement armés a fait irruption dans le bâtiment, mais, selon un porte-parole de la commission, Noor Mohammad Noor, les employés sont parvenus à se réfugier à temps dans des pièces sécurisées.

Retranchés dans l'immeuble, les assaillants ont alors engagé de violents combats contre les forces de sécurité afghanes, arrivées rapidement sur place.

À l'issue de quatre heures d'affrontements, les «cinq assaillants ont été tués», a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sediq Sediqqi, sur la chaîne afghane ToloNews.

Mais l'attaque a coûté la vie à cinq personnes, dont deux policiers et un candidat à des élections locales, selon le ministère de l'Intérieur.

L'attaque a été revendiquée par les talibans, artisans d'une violente insurrection en Afghanistan depuis leur éviction du pouvoir.

Cinq personnes ont par ailleurs été tuées dans un attentat-suicide dans la province de Kunduz (nord), et cinq autres dans une attaque contre une banque du Kunar (est), selon les autorités locales.

Ces nouvelles attaques s'inscrivent dans une campagne de violences menée par les rebelles islamistes à l'approche du premier tour de la présidentielle le 5 avril.

Jeudi soir, un groupe de kamikazes talibans a mené une expédition sanglante dans l'hôtel Serena de Kaboul, le plus prestigieux de la ville.

Neuf personnes y ont péri, dont deux Canadiennes travaillant pour la fondation Agha Khan et un Paraguayen oeuvrant pour l'organisme américain NDI, ainsi que le journaliste de l'AFP Sardar Ahmad, sa femme et deux de ses enfants âgés de cinq et six ans.

Le petit Abouzar «hors de danger»

Le troisième enfant du couple, Abouzar, un garçon de deux ans et dix mois qui avait été gravement blessé, a quitté mardi les soins intensifs et est «hors de danger», a indiqué son médecin.

Le gouvernement afghan a accusé mardi les services secrets pakistanais (ISI) d'avoir été «impliqués dans la préparation» de l'attaque de l'hôtel, malgré un démenti d'Islamabad.

Le drame du Serena a poussé une équipe de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui devait fournir une assistance au gouvernement afghan pour l'élection, à quitter le pays.

Jeudi également, dix-huit personnes, dont sept kamikazes et dix policiers, ont été tuées dans une attaque à Jalalabad (est) contre un poste de police proche de la maison du gouverneur local.

Deux jours auparavant, au moins 16 personnes avaient péri dans un attentat-suicide en plein coeur d'un bazar de Maïmana, capitale de la province reculée de Faryab (nord).

Ces attaques font ressurgir le spectre de la précédente présidentielle, en 2009, un scrutin chaotique marqué par des fraudes massives et des violences.

L'élection désignera le successeur du président Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.

Parmi les favoris du scrutin figurent Ashraf Ghani, un économiste réputé, Zalmai Rassoul, un ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, un ténor de l'opposition arrivé en 2e position en 2009, et Abdul Rasul Sayyaf, un ancien chef de guerre controversé.

Cette élection intervient alors que le pays traverse une période d'incertitudes à l'approche du retrait de la force de l'OTAN, d'ici à la fin de l'année.