L'ex-premier ministre libanais Saad Hariri, qui vit en exil en France depuis 2011, a affirmé qu'il était d'accord pour diriger un gouvernement comprenant des membres du parti chiite Hezbollah, dont des partisans participent aux combats en Syrie au côté du régime.

Cette annonce de M. Hariri, qui dirige la coalition dite du 14-Mars, pro-occidentale et anti-syrienne, constitue un revirement par rapport à ses précédentes déclarations hostiles au Hezbollah. Fin décembre, sa coalition avait ainsi accusé le puissant parti chiite d'être responsable de l'assassinat de l'un de ses proches conseillers, Mohammad Chatah, dans un attentat à Beyrouth.

Dans une interview lundi soir à la chaîne Future TV, M. Hariri a toutefois précisé que les ministres du Hezbollah dans le gouvernement qu'il projetait de former ne devait pas avoir de droit de veto sur les décisions.

Profondément divisé, victime des contrecoups du conflit en Syrie voisine, son ancienne puissance tutélaire, le Liban est paralysé politiquement depuis la démission du premier ministre, Najib Mikati, en mars 2013, la coalition du 14-Mars et le Hezbollah étant incapables de parvenir à un accord.

«J'ai pris cette décision (d'accepter de former un gouvernement avec le Hezbollah) dans l'intérêt du Liban, plutôt que dans le mien», a déclaré Saad Hariri à Future TV.

«Nous avons été visés par des assassinats pendant neuf ans. Nous avons attendu et attendu, mais devons-nous attendre que le pays brûle?»

Il a néanmoins souligné qu'il «n'accepterait pas que (le Hezbollah) ait un droit de veto» dans le futur cabinet.

Il a aussi affirmé qu'il ne permettrait pas que le prochain gouvernement serve de couverture au Hezbollah, engagé dans des combats en Syrie, soulignant que le cabinet observerait la neutralité dans cette guerre.

Le Hezbollah, un proche allié du pouvoir en Syrie, a reconnu fin avril 2013 avoir envoyé des hommes combattre aux côtés des forces gouvernementales contre les rebelles.

Évoquant son soutien à «la révolution syrienne», Saad Hariri a souligné que «la différence entre lui et les autres est qu'il s'engage sur le plan politique». «Je n'envoie pas des milliers de soldats», a-t-il noté.

Le chef de l'opposition libanaise, un sunnite, a par ailleurs appelé son allié chrétien Samir Geagea à le soutenir.

«J'ai expliqué à tout le monde pourquoi nous avions entrepris cette démarche», a-t-il dit, soulignant espérer que M. Geagea, hostile au Hezbollah, «revoie sa position».

Lundi, Saad Hariri avait annoncé à la radio française Europe 1 qu'il allait rentrer «au Liban pour les élections» législatives, prévues en novembre, et «pour un jour être premier ministre».

Ces déclarations interviennent quelques jours après l'ouverture du procès devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) de quatre membres du Hezbollah accusés de l'assassinat de son père, Rafic, en 2005.

Le président syrien, Bachar al-Assad, dans une interview à l'AFP ce week-end, a accusé le TSL d'être «politisé» et de vouloir «faire pression» sur le Hezbollah.

«Qui est Assad pour parler de transparence?», a répliqué Saad Hariri sur Future TV. «Il a tué 200 000 personnes (en Syrie) et donné l'ordre d'assassiner Rafic Hariri».

M. Hariri a affirmé qu'il espérait que le TSL, basé à La Haye, inculperait M. Assad dans l'assassinat de son père.