Un nouvel attentat a secoué jeudi un bastion du Hezbollah au Liban faisant trois morts, dans un pays en proie à une recrudescence des attaques depuis l'engagement du mouvement chiite dans le conflit en Syrie voisine au côté du régime.

L'attaque à la voiture piégée a probablement été menée par un kamikaze selon un ministre, et s'est produite devant le bâtiment du siège local du gouvernement sur la place centrale de Hermel, une ville de la plaine de la Békaa (est) proche de la frontière avec la Syrie, a rapporté une source de sécurité.

C'est la première fois qu'un attentat à la voiture piégée frappe le Hermel depuis le début en mars 2011 du conflit entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles qui veulent sa chute. Et c'est le cinquième à frapper en six mois un fief du Hezbollah depuis que ce groupe a envoyé des hommes combattre en Syrie.

L'attentat de jeudi a coïncidé avec l'ouverture aux Pays-Bas du procès de quatre membres du Hezbollah accusés de l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafic Hariri devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) à La Haye, en l'absence des accusés.

Vers 08H55 locales (1h55 à Montréal), une voiture piégée a explosé devant le bâtiment su siège du gouvernement à Hermel qui abrite les bureaux de l'administration ainsi que ceux de la police et de la sécurité, selon un communiqué de l'armée.

Une colonne de fumée noire se dégageait du secteur bouclé par les forces de sécurité et l'armée dépêchées sur les lieux.

Les habitants ont été pris de panique dans les minutes ayant suivi la forte explosion, qui a aussi provoqué des dégâts dans plusieurs immeubles, selon les témoins.

Peur et colère

«L'explosion était très puissante. Les gens ont vraiment peur et sont en colère. L'attaque a eu lieu juste au moment où les gens se rendaient sur leur lieu de travail dans le centre-ville», a déclaré Ali Chamas, proviseur du collège Hermel.

La télévision du Hezbollah Al-Manar a diffusé des images montrant une voiture détruite et calcinée et les pompiers tentant d'éteindre le feu.

Selon le ministre de la Santé Ali Hassan Khalil, trois personnes ont été tuées et 31 blessées dans l'attaque. «Deux des corps ont été identifiés. Nous ne savons pas si parmi les corps figure un kamikaze».

«Nous n'avons pas encore de confirmation, mais il semble que ça soit un attentat suicide vu les restes humains trouvés dans la voiture et à proximité», a déclaré le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel.

Même si l'attentat était le premier du genre à Hermel, cette ville avait déjà été la cible de plusieurs attaques aux obus de mortier liées à la guerre en Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban.

Des attaques armées avaient aussi visé des positions du Hezbollah ailleurs dans l'est du Liban.

Escalade des attaques

Le dernier attentat en date à viser un bastion du Hezbollah au Liban remonte au 2 janvier: une voiture piégée avait explosé dans la banlieue sud de Beyrouth faisant cinq morts.

Avant cette attaque, un attentat à la voiture piégée a tué le 27 décembre à Beyrouth Mohammad Chatah, un membre sunnite de la coalition libanaise hostile au Hezbollah et au régime Assad.

Depuis l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, le Liban a été ébranlé par une nouvelle vague d'attentats. Les détracteurs de cette formation l'accusent d'avoir entraîné le pays dans la violence.

Les attentats ont exacerbé la division déjà profonde au Liban entre pro et anti-Assad, mais aussi les tensions entre chiites menés par le Hezbollah et sunnites représentés par l'ex-premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic Hariri.

Saad Hariri et plusieurs autres proches des victimes assistaient jeudi à l'ouverture du procès à La Haye des quatre membres du Hezbollah accusés de l'assassinat de Rafic Hariri, mais toujours en fuite malgré des mandats d'arrêt internationaux.

Le Hezbollah a maintes fois dénoncé ce tribunal en l'accusant d'être un «outil israélien et américain».

Rafic Hariri, un ex-premier ministre devenu un opposant au pouvoir syrien, a péri le 14 février 2005 dans un attentat suicide à la voiture piégée à Beyrouth.