Représentants de l'Iran et de l'Union européenne se sont retrouvés jeudi à Genève pour tenter de finaliser la mise en oeuvre de l'accord intérimaire sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, avec en priorité la question des centrifugeuses iraniennes de dernière génération.

Le président russe, Vladimir Poutine, a également abordé lors d'une conversation téléphonique jeudi avec son homologue iranien, Hassan Rohani, l'application de l'accord sur le nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances, a indiqué le Kremlin.

M. Rohani a mis en garde contre «la recherche de prétextes pour créer des problèmes dans le processus de négociations», a indiqué l'agence iranienne Isna. Il a aussi appelé, selon Isna, «certains pays à respecter leurs engagements et à éviter certaines structures qui masqueraient leur bonne volonté», une référence assez explicite directe aux tentatives du Congrès américain de prendre des dispositions visant à renforcer les sanctions contre l'Iran.

Le premier entretien entre représentants iraniens et européens s'est tenu jeudi en début de soirée dans un hôtel de Genève. Les discussions doivent se poursuivre vendredi. Cette rencontre de Genève fait suite aux discussions techniques menées fin décembre.

Abbas Araghchi, vice ministre chargé de ces discussions, retrouve jeudi et vendredi Helga Schmid, adjointe de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton qui mène les négociations au nom du 5+1 (Chine, États-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne).

Ils doivent notamment régler plusieurs questions «de nature politique» selon les responsables iraniens, afin de s'accorder sur la date à laquelle l'accord commencera à être mis en oeuvre. Les experts des deux camps ont proposé en début d'année la date du 20 janvier.

Le département d'État a indiqué que la sous-secrétaire d'État pour les Affaires politiques Wendy Sherman, a rencontré M. Araghchi et Mme Schmid afin de leur exposer les idées américaines «pour être utile à la discussion afin de régler les questions en suspens de l'accord», selon Jen Psaki, la porte-parole à Washington.

Il y a également eu une rencontre bilatérale entre Iraniens et Américains.

Les États-Unis ont joué un rôle majeur dans l'accord sur le nucléaire scellé le 24 novembre à Genève entre l'Iran et les grandes puissances. Ces négociations ont été l'occasion de discussions directes entre les responsables iraniens et américains, rompant avec près de 35 ans de froid entre les deux pays.

L'accord entre les «5+1» et l'Iran, une avancée diplomatique majeure, prévoit une limitation de l'enrichissement d'uranium en Iran pendant une période de 6 mois, au cours desquels il n'y aura pas de nouvelles sanctions.

L'Iran est soupçonné malgré ses dénégations de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.

La question des centrifugeuses les plus modernes dont dispose l'Iran, qui sont capables d'enrichir plus rapidement de l'uranium jusqu'à un niveau militaire, est un «des points sur lequel il faut prendre une décision (...) et qui est fortement débattu», selon une source diplomatique basée à Vienne.

Selon ce diplomate, l'accord du 24 novembre n'a pas détaillé ce point, ce qui permet des «interprétations» par chaque partie. «Il faut trouver quelque chose d'équilibré», a ajouté ce diplomate. «C'est une question importante, mais est-ce que cela peut devenir un point de blocage, nous le saurons dans les prochains jours».

Ces centrifugeuses (modèles IR-4, IR-6 et IR-5) - dont une trentaine ont été dénombrées à Natanz en novembre selon l'AIEA, l'agence de l'ONU pour l'énergie atomique -, sont des appareils de la troisième et quatrième génération et sont en phase de tests, selon le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi.

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui ne participe pas aux discussions de Genève, s'est dit mercredi optimiste sur la prochaine mise en oeuvre de l'accord.

«Les négociations nucléaires se poursuivent avec sérieux et une forte volonté politique», a-t-il écrit sur sa page Facebook, ajoutant que les longues négociations techniques entre les experts iraniens et ceux du groupe 5+1 avaient eu «des résultats positifs».