Un nouvel attentat a frappé jeudi la banlieue sud de Beyrouth faisant quatre morts, le quatrième à viser en six mois ce fief du mouvement chiite libanais Hezbollah engagé dans la guerre en Syrie contre les rebelles.

L'attentat a été condamné par les Occidentaux et l'ONU, alors que le président libanais Michel Sleimane a affirmé que «la main du terrorisme est la même qui sème la mort dans toutes les régions libanaises».

L'attaque survient moins d'une semaine après celle qui a tué le 27 décembre à Beyrouth Mohammad Chatah, membre sunnite de la coalition libanaise hostile au Hezbollah et au régime syrien de Bachar al-Assad que le mouvement chiite soutient militairement.

Depuis l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie voisine, le Liban a été ébranlé par une vague d'attentats, et les détracteurs de cette formation  l'accusent d'avoir par cette implication entraîné le pays dans la violence.

Les attentats ont exacerbé la division déjà profonde au Liban entre pro et anti-Assad, mais aussi les tensions entre chiites menés par le Hezbollah et sunnites représentés par l'ex-premier ministre Saad Hariri.

Vers 16 h 15 (9 h 15 à Montréal), «un 4x4 a explosé dans la rue très fréquentée d'Al-Aarid dans le quartier de Haret Hreik», dans la banlieue sud de Beyrouth, selon l'Agence nationale d'information (ANI).

Possible attentat suicide

Le ministre de la Santé Ali Hassan Khalil a fait état d'un «bilan définitif» de quatre morts et 77 blessés. «Il y a des restes humains qui n'ont pas été identifiés», a-t-il ajouté.

Selon le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel, l'enquête «tend vers l'hypothèse d'un attentat suicide en raison de la présence de restes humains dans une voiture».

L'armée libanaise a annoncé de son côté que les enquêteurs cherchaient à déterminer la manière dont a explosé la voiture, de type Grand Cherokee et «piégée de 20 kg d'explosifs».

Dans la rue commerçante visée par l'attaque, la façade de trois immeubles a été dévastée ou complètement noircie, et cinq voitures ont été endommagées dont une complètement carbonisée.

Une foule en panique s'est rassemblée autour des lieux, une zone densément peuplée. «Dieu, Nasrallah et la banlieue sud», ont scandé des gens en colère en signe de défi, en référence au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah.

La banlieue sud de Beyrouth, que les détracteurs du parti chiite qualifie de «miniÉtat» du Hezbollah, était devenue une forteresse de sécurité après un premier attentat en juillet, mais les mesures draconiennes de sécurité n'ont pas empêché trois autres attaques de s'y produire.

Avant la guerre de 2006 qui a opposé le Hezbollah et Israël, le secteur de Haret Hreik était «le périmètre de sécurité» du mouvement chiite, c'est-à-dire le secteur où se trouvent les principales institutions du parti.

Condamnations internationales

L'attentat de jeudi s'est d'ailleurs produit «à 200 mètres du Conseil politique du Hezbollah», a indiqué la chaîne du Hezbollah, Al-Manar.

Les États-Unis, qui considèrent le Hezbollah comme un «groupe terroriste», ont condamné via leur ambassade l'attentat «terroriste», tandis que l'ambassadeur de Grande-Bretagne Tom Fletcher l'a qualifié d'«inhumain». Paris a demandé aux Libanais d'«éviter une escalade de la violence» et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la retenue.

Le 19 novembre, un double attentat suicide revendiqué par un groupe lié à Al-Qaïda a visé l'ambassade d'Iran, allié de Damas, faisant 25 morts. Le 23 août, un double attentat à la voiture piégée à Tripoli a fait 45 morts.

Le 15 août, 27 personnes ont péri dans un attentat à la voiture piégée dans la banlieue sud de Beyrouth. Le 9 juillet, un attentat dans cette même zone a fait une cinquantaine de blessés.

La semaine dernière, Saad Hariri a mis en cause le parti chiite dans l'attentat contre M. Chatah qui a coûté la vie à sept autres personnes. Mais le Hezbollah a démenti.

Jeudi, tout en qualifiant l'attentat de Haret Hreik d'«acte diabolique», M. Hariri a répété que les morts sont «des victimes de l'implication (du Hezbollah) dans des guerres extérieures».

En raison des profondes rivalités, le Liban est sans gouvernement depuis huit mois, avec en toile de fond la guerre en Syrie, ancienne puissance de tutelle au pays du Cèdre.

Le Hezbollah appelle à l'unité pour éviter la «destruction» du Liban

Le Hezbollah chiite a appelé jeudi à l'entente politique pour éviter la «destruction» du Liban après un nouvel attentat meurtrier à la voiture piégée contre l'un de ses fiefs.

Cheikh Naïm Qassem, le numéro 2 du Hezbollah qui combat au côté du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie voisine, n'a accusé aucune partie de l'attentat qui a fait quatre morts dans la banlieue sud de Beyrouth.

Mais il a appelé à faire face aux «terroristes takfiris», en référence aux islamistes extrémistes sunnites mis en cause par son parti dans de précédents attentats.

«Le Liban est sur la voie de la destruction s'il n'y a pas d'entente politique et nous ne pouvons le sauver s'il n'y a pas d'unité», a affirmé cheikh Qassem à la télévision du Hezbollah, Al-Manar.

«Le plan criminel, sous toutes ses formes, va pousser tout le monde à boire le calice jusqu'à la lie et personne n'y échappera», a-t-il averti.

«La réponse est l'entente politique et l'accélération de la formation d'un gouvernement d'union nationale face à ces attentats criminels à travers le pays», a ajouté cheikh Qassem.

Le mouvement armé, qui combat les rebelles en Syrie aux côtés du régime, est accusé par ses détracteurs d'avoir entraîné le pays dans la violence en raison de cette implication.

Depuis cet engagement du parti en Syrie, le Liban a été ébranlé par une vague d'attentats qui a exacerbé la division déjà profonde au Liban entre pro et anti-Assad, et les tensions entre chiites menés par le Hezbollah et sunnites représentés par l'ex-premier ministre Saad Hariri.

En raison de ces profondes divisions, le Liban est sans gouvernement depuis huit mois.

«Si nous nous unissons politiquement, nous neutraliserons les terroristes takfiris (...) et empêcherons ceux qui viennent régler sur notre territoire des comptes locaux, régionaux et internationaux», a encore dit cheikh Qassem.

Seul parti libanais disposant d'un puissant arsenal, le Hezbollah affirme que sa lutte aux côtés du régime syrien vise à combattre des «extrémistes» sunnites qui menacent la sécurité du Liban.

Son engagement en Syrie a provoqué l'ire des rebelles, en majorité des sunnites.

Le parti, appuyé par l'Iran, est lui-même accusé par ses détracteurs d'avoir perpétré des assassinats de personnalités qui lui sont hostiles, dont le meurtre il y a moins d'une semaine de l'homme politique libanais Mohammed Chatah. Le Hezbollah a démenti toute implication.