Au moins cinq journalistes ont été tués lundi dans un assaut mené par plusieurs kamikazes contre le siège d'une télévision locale à Tikrit, au nord de Bagdad, dans une nouvelle attaque contre les médias en Irak.

Dans le reste du pays, 17 autres personnes ont péri dans des violences, dont six militaires tués par des tirs d'obus contre leur caserne à l'ouest de Bagdad.

À Tikrit, le rédacteur en chef, un producteur, un journaliste, un présentateur et le responsable des archives de la chaîne Salaheddin ont été tués dans l'assaut, ont précisé des responsables de la police faisant également état d'au moins cinq employés blessés.

Salaheddin est la principale chaîne de la province éponyme, dont Tikrit est le chef-lieu.

Deux des kamikazes ont fait détoner leurs charges, alors que les forces de sécurité en ont tué deux autres dans leur assaut pour libérer le bâtiment, selon des officiers.

Les motivations des assaillants n'étaient pas connues dans l'immédiat.

Cette attaque survient une semaine après un assaut similaire contre la mairie de Tikrit, lors duquel un membre de conseil municipal et deux policiers avaient été tués.

En moins de trois mois, 12 journalistes ont été tués en Irak, dont cinq à Mossoul (nord).

Les autorités irakiennes font régulièrement l'objet de critiques au sujet de violations de la liberté de la presse dans le pays et sur l'impunité des assassins de journalistes.

Parmi les autres violences qui ont ensanglanté lundi le pays, six militaires, dont quatre officiers, ont été tués par des tirs d'obus contre leur caserne dans la région d'Abou Ghraïb, selon des sources de sécurité.

L'année 2013 a été noire pour l'Irak, qui a renoué avec des niveaux de violences proches de ceux de 2008, lorsque le pays sortait tout juste d'une guerre civile, après l'invasion américaine de 2003.

Onze camps d'Al-Qaïda près de la Syrie

La colère de la communauté sunnite, qui se plaint d'être l'objet d'une campagne de répression du gouvernement dirigé par les chiites, a été un facteur clé dans l'escalade des violences.

Plus de 6650 personnes ont été tuées depuis le début de l'année à travers le pays, selon un bilan compilé par l'AFP sur la base de chiffres donnés par des sources de sécurité et médicales.

Le ministère de la Défense a en outre annoncé lundi que l'armée avait attaqué des camps appartenant à un groupe lié à Al-Qaïda dans le désert de la province sunnite d'Anbar, frontalière de la Syrie, et en avait détruit deux.

Selon le porte-parole du ministère, Mohammed al-Askari, des images aériennes ainsi que d'autres informations ont montré que «des armes et des équipements sophistiqués étaient arrivés en provenance de Syrie» à Al-Anbar.

Cela a encouragé les militants liés à Al-Qaïda de «réactiver certains de leurs camps, qui avaient été éliminés par les forces de sécurité en 2008 et 2009», a ajouté M. Askari, précisant que des photos aériennes avaient révélé l'existence de 11 camps près de la frontière syrienne.

«Les photographies et les informations tirées du renseignement montrent que chaque fois que les groupes armés sont sous pression en Syrie, ils se retirent en Irak (...) pour se regrouper et mener des opérations terroristes dans les deux pays», a affirmé M. Askari.

Les États-Unis ont renouvelé dimanche leur appel aux dirigeants de la région à travailler de concert afin de couper les vivres à l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et au Front jihadiste al-Nosra, lié aussi à Al-Qaïda et qui combat le régime de Bachar al-Assad en Syrie voisine.

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a en outre appelé dimanche les sunnites manifestant contre son gouvernement à Al-Anbar à lever leur rassemblement, qu'il a qualifié de QG d'Al-Qaïda. Il a donné aux protestataires, dont le mouvement dure depuis un an, un délai «très court» pour partir, menaçant d'une intervention des forces de l'ordre.

Le président du Parlement, Oussama al-Noujaïfi, a plaidé lundi en faveur d'une réunion des responsables politiques du pays pour tenter de parvenir à un accord entre les manifestants et l'État et éviter l'usage de la force.