Des centaines d'immigrés clandestins africains ont entamé lundi une marche vers Jérusalem pour protester contre leur détention dans un centre duquel ils se sont échappés, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le groupe, composé d'hommes uniquement, avançait sur une route dans le sud d'Israël en portant des banderoles sur lesquelles était inscrit «Reconnaissez-nous comme réfugiés» et «Holot (le nom du centre de détention) est une prison», selon ce correspondant.

Une porte-parole du service pénitentiaire israélien a confirmé à l'AFP que 282 personnes détenues à Holot avaient disparu dimanche soir de ce centre inauguré jeudi.

Elle a affirmé que ce groupe avait passé la nuit dans la station centrale des bus de Beersheva, une ville située à 50 km de Holot, dans des conditions difficiles en raison du froid.

Un des protestataires, Abdel Moneim Ahmad Osman, 24 ans, qui est arrivé en Israël en 2012, a confié à l'AFP vouloir «arriver à la Knesset (Parlement) afin de demander à pouvoir être en liberté».

«Nous ne sommes pas des hors-la-loi, ce centre est une prison, nous voulons être des hommes libres», a-t-il ajouté.

Originaire du Darfour, M. Osman a confirmé ne pas être rentré dimanche soir au centre de détention et avoir marché avec ses camarades pendant 14 heures depuis la veille afin d'arriver à Jérusalem le plus rapidement possible.

Le centre de détention de Holot a ouvert ses portes jeudi dernier, accueillant 484 immigrés clandestins africains, selon le service pénitentiaire.

Ce centre est ouvert durant la journée, mais ses occupants doivent rentrer le soir avant la fermeture des portes.

Destiné à accueillir 3000 personnes, il peut être agrandi et en recevoir près de 11 000.

S'exprimant à la radio publique, le chef des autorités de l'Immigration, Amnon Ben Ami, a déclaré que ces personnes seraient arrêtées pour n'être pas rentrées au centre comme elles devaient le faire dimanche soir.

Selon une loi votée le 10 décembre dernier, les immigrés clandestins peuvent être placés en détention pendant un an sans procès.

Cette loi est la dernière en date des mesures prises par le gouvernement israélien afin d'endiguer la vague d'immigration clandestine venant d'Afrique qui représente, selon les autorités, une menace pour le caractère juif de l'État d'Israël.

Cet amendement vient remplacer une loi qui autorisait à incarcérer sans procès des immigrants clandestins pendant trois ans, et qui a été invalidée par la Cour suprême en septembre dernier.

L'Association pour les droits civils en Israël (ACRI) a affirmé lundi qu'elle allait déposer une pétition contre cet amendement avec d'autres organisations de défense des droits civils.

«Ces organisations affirment que le nouvel amendement ne change rien aux principes qui ont amené la Cour suprême à annuler la loi le 15 septembre, et représente à certains égards un texte plus sévère que la loi qui a été annulée», affirme ACRI.