Une attaque de drone contre le convoi d'un mariage au Yémen a fait 17 morts, dont des membres présumés d'Al-Qaïda, mais surtout des civils, relançant la polémique sur l'utilisation des drones dont les États-Unis sont les seuls à disposer dans la région.

L'attaque a visé jeudi soir un convoi de plusieurs voitures près de la ville de Radaa dans la province d'Al-Bayda, dans le centre du Yémen, une région où le réseau créé par Oussama ben Laden est bien implanté.

Elle est intervenue une semaine après une attaque spectaculaire d'Al-Qaïda contre le ministère de la Défense à Sanaa, qui avait fait 56 morts. Le réseau avait affirmé que l'objectif de l'attaque était une salle de contrôle des drones visant régulièrement ses combattants au Yémen, ainsi que des experts américains.

Jeudi, un projectile a touché de plein fouet une camionnette Toyota qui transportait au moins dix passagers, et un autre est tombé près du convoi, selon un responsable local de la sécurité qui a indiqué que l'attaque avait été menée par un drone.

«Certains des tués sont des membres présumés d'Al-Qaïda, mais d'autres sont des civils qui n'ont aucun lien avec cette organisation», a déclaré à l'AFP ce responsable qui a requis l'anonymat.

Le nombre de victimes de l'attaque est passé à 17 au cours de la nuit, a indiqué une source médicale à Radaa à l'AFP.

Parmi les tués figurent deux membres présumés d'Al-Qaïda, Saleh et Abdallah al-Tays, qui figuraient sur une liste de militants du réseau rercherchés par le gouvernement, a indiqué ce responsable.

Les victimes se rendaient au mariage d'un membre du clan des al-Tays et la plupart étaient membres de ce clan ou du clan al-Améri, selon la même source.

Les militants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) sont bien implantés dans la région d'Al-Bayda et sont régulièrement la cible de frappes menées par des drones au Yémen.

Un chef local d'Al-Qaïda dans la province arabique (AQPA), Qaïed al-Dhahab, avait été tué le 30 août dans une attaque de drone dans cette même province.

Il était le frère de Tarek al-Dhahab, un dirigeant d'AQPA qui avait, en janvier 2012, brièvement pris avec ses hommes le contrôle de la ville de Radaa avant d'en être chassé sous la pression de tribus hostiles au réseau extrémiste.

Tarek al-Dahab, qui avait ensuite été tué dans une attaque armée, était le beau-frère de l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, tué en septembre 2011 dans un raid américain.

Les États-Unis, qui aident les autorités yéménites dans leur lutte contre le réseau extrémiste, sont les seuls à disposer au Yémen de drones, qu'ils opèrent notamment à partir de Djibouti.

Les autorités yéménites n'ont jamais clairement démenti l'utilisation de ces appareils contre Al-Qaïda et ne cessent de réaffirmer qu'elles collaborent avec leurs alliés pour lutter contre le réseau extrémiste.

En novembre, des militants américains opposés à la politique de frappes américaines «ciblées» contre des membres d'Al-Qaïda avaient appelé l'administration de Barack Obama à lever le secret sur les frappes de drones, qu'ils accusent de faire de nombreuses victimes civiles.

Les estimations sur le nombre de victimes de ces frappes varient. La New America Foundation, un cercle de réflexion de Washington qui tente de les recenser, totalise 93 frappes qui ont provoqué la mort de 684 à 891 personnes, dont 64 à 66 civils.

AQPA, basée au Yémen, est considérée par les États-Unis comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste dans le monde.

Le réseau a profité de l'affaiblissement du pouvoir central, à la faveur de la révolte populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh en 2011, pour renforcer son emprise dans plusieurs régions du pays.