Un vif différend a éclaté dimanche entre Israël et les Pays-Bas à propos de l'installation d'un scanner néerlandais à la frontière avec la bande de Gaza, ternissant une visite officielle du Premier ministre des Pays-Bas dans l'État hébreu.

«L'installation de ce scanner néerlandais, qui devait permettre de vérifier le contenu des conteneurs en provenance de Gaza et destinés à l'exportation, a été reportée à la suite d'exigences imprévues présentées par les Pays-Bas», a déclaré à l'AFP un responsable israélien qui a requis l'anonymat.

«Sur le plan technique, ce scanner, qui doit être installé au point de passage de Kerem Shalom par où transitent les marchandises en provenance de Gaza, ne pose aucun problème. Mais les Néerlandais ont subitement posé des conditions politiques notamment sur le pourcentage de marchandises destinées à la Cisjordanie ou à l'étranger», a poursuivi ce responsable.

«Il s'agit de questions politiques qui devront être réglées au plus haut niveau politique, ce qui va retarder la mise en oeuvre de ce scanner», a-t-il également insisté.

Selon les médias israéliens et néerlandais, cette dispute a provoqué l'annulation d'une cérémonie prévue dimanche à Kerem Shalom en présence du Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte.

Selon le quotidien israélien Haaretz, M. Rutte a confié à des militants pacifistes israéliens et palestiniens qui devaient participer à cette cérémonie qu'il n'avait «aucune idée» de la raison pour laquelle Israël avait refusé d'installer ce scanner.

Interrogé dans la soirée par la presse néerlandaise accompagnant M. Rutte, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en avant la question de la sécurité.

«Je pense qu'il est très important de nous assurer que ce qui sort de Gaza n'est pas utilisé à des fins guerrières», a répondu M. Netanyahu.

«Nous nous félicitons de l'apport de scanners pour nous permettre de contrôler les matériaux qui rentrent et sortent de Gaza. Mais notre préoccupation est la sécurité», a-t-il argué.

«Nous voulons être certains que les marchandises qui sortent de Gaza ne contiennent pas des armes ou des explosifs qui pourraient parvenir dans les zones de l'Autorité palestinienne» en Cisjordanie, a expliqué le Premier ministre israélien.

Le conflit porte sur les exportations de la bande de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas, vers la Cisjordanie, gérée par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Le ministère israélien de la Défense veut isoler ces deux territoires palestiniens, tandis que les responsables néerlandais souhaitaient avec ce scanner relancer les échanges entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, ont précisé les médias.

Après la capture en juin 2006 d'un de ses soldats, libéré en 2011, Israël a imposé un blocus à la bande de Gaza, renforcé en juin 2007 lors de la prise de contrôle de cette région par le Hamas.

Par ailleurs, en marge de la venue de M. Rutte, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Frans Timmermans a annulé une visite prévue dimanche dans la vieille ville d'Hébron (sud de la Cisjordanie) car Israël a exigé que le ministre soit accompagné par des militaires israéliens dans un quartier palestinien.

«C'est le ministre lui-même qui a décidé d'annuler cette partie de la visite», a déclaré à l'AFP Ahmed Dadou, un porte-parole du ministre.

«L'accompagnement par les militaires israéliens dans la partie occupée par les colons (israéliens) est habituel, mais ce n'est pas l'habitude dans le quartier palestinien», a-t-il ajouté.

Près de 200 000 Palestiniens vivent à Hébron, la plus grande ville de Cisjordanie, dans un climat de tension permanente avec près de 700 colons juifs installés dans une enclave au coeur de la cité, sous la protection de milliers de soldats israéliens.

M. Timmermans devait normalement être accompagné par des Palestiniens non-armés dans la partie palestinienne, selon la même source. M. Timmermans a dès lors annulé l'ensemble de la visite dans la vieille ville de Hebron.

«Les autres ministre des Affaires étrangères ayant précédemment visité la ville n'avaient pas été accompagnés par les soldats israéliens dans la partie palestinienne et M. Timmermans n'a pas voulu accepter cette nouvelle condition afin de ne pas créer un précédent», a ajouté M. Dadou.

L'Union européenne et Israël se sont récemment accrochés sur l'avenir de leur coopération scientifique, à cause du contentieux sur la colonisation, avant de parvenir in extremis à un compromis.