Le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé mercredi s'être entendu avec le président afghan Hamid Karzaï sur les termes d'un accord bilatéral de sécurité entre Washington et Kaboul sur la présence de soldats américains après le retrait de l'OTAN fin 2014.

L'annonce de cet accord intervient à la veille de l'ouverture de la Loya Jirga à Kaboul: cette grande assemblée traditionnelle réunira jusqu'à dimanche quelque 2500 représentants de la société afghane pour rendre un avis sur ce traité bilatéral de sécurité (BSA) négocié laborieusement depuis des mois entre les États-Unis et l'Afghanistan.

S'il est approuvé, le BSA permettra aux forces afghanes de compter sur un soutien américain après le départ des 75.000 soldats de l'OTAN fin 2014, afin d'éviter que ce retrait ne soit suivi d'une flambée de violences en Afghanistan, confronté à l'insurrection des talibans.

«Nous sommes tombés d'accord sur les termes (de l'accord) qui seraient soumis à une Loya Jirga, mais ils doivent encore les approuver», a déclaré M. Kerry à la presse.

Kaboul a publié de son côté un projet d'accord selon lequel les soldats américains qui resteraient en Afghanistan après 2014 bénéficieraient de l'immunité de juridiction, principal point d'achoppement entre les deux pays.

En Irak, les États-Unis comptaient maintenir un contingent au-delà de 2011 mais ils avaient finalement rapatrié l'ensemble de leurs troupes car Bagdad avait refusé de leur accorder cette immunité.

M. Kerry a précisé qu'il n'y avait eu aucune discussion avec le président Karzaï sur d'éventuelles «excuses» américaines à l'Afghanistan.

La veille, la conseillère à la Sécurité nationale Susan Rice du président américain Barack Obama avait jugé que Washington n'avait pas à présenter ses excuses à Kaboul pour des «erreurs» commises depuis fin 2001 dans ce pays ou pour les souffrances endurées par les populations civiles.

Elle avait démenti qu'une lettre dans ce sens ait été envoyée par M. Obama à M. Karzaï, contrairement à ce qu'affirmait un porte-parole de la présidence afghane.

Selon une version du texte de l'accord dévoilé par le ministère afghan des Affaires étrangères, Kaboul a accepté que «les États-Unis jouissent du droit exclusif de juger» les soldats américains qui commettraient des crimes sur le sol afghan.

L'article 2 de ce texte indique également que les Américains poursuivront une coopération étroite avec les forces gouvernementales afghanes en leur apportant «conseil», «entraînement» et «soutien», mais aussi en «renforçant les forces aériennes afghanes», qui disposent de peu d'appareils, pas toujours en état de voler.

Les deux pays sont également d'accord pour continuer leur lutte conjointe contre Al-Qaïda.

Le document fournit en outre une liste de neuf sites militaires dont pourraient disposer les États-Unis, parmi lesquels figure la gigantesque base de Bagram, au nord de Kaboul, déjà sous contrôle américain.

Selon le projet, le BSA serait en vigueur du 1er janvier 2015 «jusqu'à la fin 2024 et au-delà», sauf si ses signataires décident d'y mettre un terme.

Si elle est approuvée par la Loya Jirga, la version définitive du BSA sera transmise au Parlement, avant son éventuelle promulgation par le président Karzaï.

Farouchement hostiles au maintien d'une présence militaire étrangère en Afghanistan, les talibans ont promis des représailles si l'accord était approuvé.

Malgré douze ans de guerre et les moyens militaires exceptionnels déployés par l'OTAN, l'Afghanistan est toujours aux prises avec une insurrection meurtrière des talibans, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition militaire internationale dirigée par les États-Unis.

Dernier exemple en date de ces violences, le chef de la police d'un district de la province du Helmand, un bastion des insurgés dans le sud du pays, a été assassiné mercredi dans une embuscade tendue par les rebelles islamistes, selon plusieurs responsables locaux.