Quatre combattants du Hamas ont été tués et cinq soldats israéliens blessés jeudi soir lors d'un violent accrochage à la frontière entre Gaza et Israël, l'incident le plus sérieux dans le territoire palestinien depuis l'opération «Pilier de Défense» il y a un an.

Un commandant local des Brigades Ezzedine Al-Qassam, Khaled Abou Bakr, et un autre cadre de la branche armée du Hamas, Rabieh Barikeh, ont été tués par un obus de char tiré lors d'une incursion de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, selon des sources médicales locales.

Deux autres responsables locaux des Brigades Al-Qassam, Mohammed al-Qassas et Mohammed Daoud, ont trouvé la mort lorsqu'un hélicoptère israélien a ouvert le feu dans la même zone.

Les obsèques de Rabieh Barikeh se sont achevées dans le calme vendredi en début d'après-midi dans le cimetière de Khan Younès, en présence d'environ 2000 personnes dont certaines scandaient «Vengeance contre Israël».

Les funérailles des trois autres combattants du Hamas devaient se dérouler plus tard vendredi, a indiqué un responsable du mouvement islamiste.

Selon des sources sécuritaires palestiniennes, les quatre combattants conduisaient une opération de surveillance dans la zone frontalière entre l'enclave palestinienne et Israël.

D'après les mêmes sources et des témoins, un char israélien et un bulldozer blindé ont fait une incursion d'une centaine de mètres à l'intérieur du territoire avant de se retirer ensuite.

L'affrontement a duré une demi-heure, selon des témoins.

Dans un communiqué, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a rendu hommage aux quatre «héros» et affirmé que des soldats israéliens avaient trouvé la mort lors de la confrontation.

«Le Hamas félicite les héros d'Al-Qassam qui sont tombés en défendant (le territoire) lors d'une incursion de l'occupant sioniste à Khan Younès», a fait savoir le porte-parole, ajoutant : «le Hamas assure que Gaza sera un enfer pour l'occupant.»

Regain de violence

De son côté, l'armée israélienne a indiqué que la cible de son opération était au départ une section d'un large tunnel creusé en territoire israélien depuis l'enclave palestinienne, découvert le 7 octobre et destiné, selon l'armée, à des «activités terroristes».

Le Hamas a revendiqué l'usage de tunnels pour lutter contre Israël, précisant que le but était d'enlever des soldats israéliens pour les échanger contre des prisonniers palestiniens.

«L'opération visait à empêcher de futures attaques terroristes utilisant ce tunnel», selon un communiqué militaire.

«Pendant l'opération, le Hamas a détonné un engin explosif visant les forces de Tsahal (l'armée israélienne) et blessé 5 soldats», a ajouté le texte.

«Cette mission était impérative en raison du risque d'utilisation du tunnel terroriste pour des attaques contre des civils israéliens», a indiqué par ailleurs le porte-parole de l'armée Peter Lerner.

«Ce tunnel, similaire à celui utilisé pour kidnapper (le soldat franco-israélien) Gilad Shalit en 2006, a été construit à cet effet», a souligné le lieutenant-colonel Lerner.

L'armée a aussi fait état d'une frappe aérienne contre «un second tunnel terroriste» situé dans le sud de la bande de Gaza. Aucune victime palestinienne n'a été rapportée dans cette attaque.

Selon la télévision du Hamas, trois obus de mortier ont également été tirés de la bande de Gaza sur le sud d'Israël. L'armée israélienne n'a mentionné qu'un seul tir, précisant que l'obus était tombé dans un champ sans faire de victime.

Elle a déployé vendredi matin une batterie de défense anti-aérienne «Iron Dome» (Dôme de fer) près de la frontière avec la bande de Gaza, selon une chaîne de télévision israélienne. L'information n'a pas été confirmée.

Israël a accusé le Hamas d'avoir «violé» les termes du cessez-le-feu conclu il y a près d'un an sous la houlette de l'Égypte à la suite de l'opération militaire israélienne «Pilier de Défense».

Le 21 novembre 2012, le Hamas avait conclu une trêve avec Israël au terme d'une semaine d'hostilités meurtrières, un cessez-le-feu qu'il s'efforce de faire respecter manu militari.

Depuis, des roquettes ont été tirées à plusieurs reprises sur le sud d'Israël, des tirs la plupart du temps revendiqués par des groupes salafistes djihadistes remettant en cause l'autorité du Hamas.