Les fonctionnaires américains ne pourront plus se rendre dans la majeure partie de l'Afghanistan pour y superviser les projets de développement en raison de la diminution du contingent militaire américain sur place, a déploré un haut responsable américain.

Dans une lettre publiée lundi et adressée au ministre de la Défense et des Affaires étrangères, Chuck Hagel et John Kerry, ainsi qu'au patron de l'USAID, la coopération américaine, John Sopko fait part de ses craintes.

«Bien qu'il soit difficile de prédire l'avenir de la présence américaine en Afghanistan, il est probable que 21 % du territoire afghan tout au plus reste accessible aux personnels civils américains», soit moitié moins qu'en 2009, affirme dans ce courrier l'Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Afghanistan (Sigar), chargé de contrôler comment les fonds gouvernementaux américains sont dépensés.

«Le département d'État nous a également dit que cette projection semble optimiste, surtout si la situation sur le plan de la sécurité ne s'améliore pas», ajoute-t-il.

Les Américains comptaient au plus fort de leur présence en 2010-2011 quelque 100 000 militaires en Afghanistan, contre 51 000 à l'heure actuelle. Sous réserve de la conclusion d'un accord avec Kaboul, entre 8 000 et 12 000 personnels militaires de l'Otan pourraient rester dans le pays après 2014, en majorité des Américains, pour des missions antiterroristes et de formation de l'armée et de la police afghanes.

Le retrait américain se traduit par la fermeture de bases et des difficultés pour assurer la protection des coopérants civils et leur évacuation par hélicoptère vers des hôpitaux en moins d'une heure en cas d'attaque.

Selon le Washington Post, 15 projets représentant au total plus d'un milliard de dollars d'investissement seront ainsi hors de portée des fonctionnaires civils l'an prochain. Ils portent notamment sur l'installation d'une turbine sur un barrage ou la construction d'une autoroute.

Depuis plusieurs années, le SIGAR publie des audits dénonçant les gaspillages et la mauvaise gestion des projets de reconstruction du pays, à qui Washington a accordé une aide massive.

Selon John Sopko, si les fonctionnaires américains n'ont plus accès à ces zones, la tâche pourrait échoir au secteur privé, qui serait mandaté par le gouvernement pour superviser les projets de développement.