Les mises en chantier dans les colonies israéliennes en territoire palestinien ont grimpé de 70 % au premier semestre 2013, a révélé jeudi l'ONG La Paix Maintenant, assombrissant encore les chances de succès des pourparlers de paix.

Selon cette ONG israélienne opposée à la colonisation, 1708 logements ont commencé à être construits entre janvier et juin 2013 (contre 995 sur la même période de 2012), dont 1040, soit 61 %, dans des colonies isolées et 180, soit plus de 10 %, dans des implantations sauvages, non autorisées par le gouvernement israélien.

Elle précise qu'«au moins 86 % des constructions (1469 unités) ont été réalisées sans appel d'offres, dans des colonies où cela n'est pas nécessaire», soulignant que le moratoire de fait observé par le gouvernement sur les appels d'offres jusqu'en août «n'était pas un gel général de la construction, mais seulement une fraction de la construction dans les colonies».

Le négociateur palestinien Saëb Erakat, qui mène les pourparlers de paix avec Israël relancés fin juillet sous l'égide des États-Unis, a réagi en accusant le gouvernement du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou de «détruire le processus de paix».

Ceci «confirme et montre clairement qu'Israël se concentre sur la colonisation et non sur la paix», a déclaré M. Erakat à l'AFP.

Une spécialiste de la colonisation au sein de La Paix Maintenant, Hagit Ofran, a expliqué à l'AFP que «la tendance du gouvernement Nétanyahou a été de construire davantage que les précédents dans des colonies isolées en Cisjordanie», dont Israël devrait vraisemblablement abandonner le contrôle en cas d'accord de paix.

«Le gouvernement Nétanyahou continue à construire dans les colonies et à rendre ainsi plus difficile de parvenir à un accord de paix», déplore l'association.

«Plus un soldat israélien en Palestine»

Le quotidien israélien Maariv rapporte que les pourparlers, sur lesquels les États-Unis ont imposé aux deux parties un black-out médiatique, sont au bord de l'effondrement, en raison de positions inconciliables sur les frontières, en particulier dans la région de la vallée du Jourdain.

Israël veut maintenir une présence militaire à long terme dans la partie de la vallée située en Cisjordanie, une exigence rejetée par les Palestiniens.

Selon le journal, les négociateurs israéliens ont proposé qu'Israël loue pendant plusieurs décennies cette partie du territoire du futur État palestinien, ce que leurs interlocuteurs ont refusé.

«Nous n'accepterons aucune présence militaire israélienne, fût-ce même d'un seul soldat, sur le sol de l'État de Palestine, en particulier dans la vallée du Jourdain», a déclaré jeudi à l'AFP le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, en réponse à M. Nétanyahou.

«Nous ne voulons pas de satellites iraniens en Judée-Samarie (Cisjordanie) comme c'est déjà arrivé à nos frontières», a déclaré mercredi Nétanyahou le premier ministre Nétanyahou, en référence au Hezbollah libanais  et aux mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique dans la bande de Gaza.

«Cela nécessite que la future frontière de sécurité passe par la vallée du Jourdain comme l'avait demandé Yitzhak Rabin lors de son dernier discours au Parlement quelques semaines avant son assassinat», a-t-il estimé au cours d'une cérémonie à la mémoire du premier ministre assassiné en 1995.

Le 6 octobre, M. Nétanyahou avait réitéré son exigence d'une reconnaissance par les dirigeants palestiniens, qui la repoussent catégoriquement, d'Israël comme «État national du peuple juif».

«Tant que les Palestiniens n'auront pas reconnu ce droit, il n'y aura pas de paix réelle», avait-il affirmé, réclamant en outre que les Palestiniens renoncent au «droit au retour» des réfugiés chassés de leur terre lors de la création d'Israël en 1948.

Les États-Unis ont annoncé le 25 septembre une augmentation de la fréquence des négociations de paix et une implication accrue des médiateurs américains.

Quelque 350 000 colons juifs vivent dans les implantations de Cisjordanie, outre 200 000 Israéliens habitant des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupé et annexé.

La communauté internationale considère la colonisation comme illégale, qu'elle ait été ou non autorisée par le gouvernement israélien.