Près de 1,5 million de musulmans se sont rassemblés lundi sur le mont Arafat, moment fort du pèlerinage annuel à La Mecque, où ils ont prié pour la paix et la fin des divisions.

«J'ai prié toute la journée pour que s'améliore la situation dans le monde musulman et que cesse l'effusion du sang dans les pays arabes», dit Saïd Dherari, un retraité algérien de 61 ans.

Assis à même le sol, Ahmed Khater, un Syrien, a dit avoir prié pour la victoire des opprimés dans son pays, déchiré par une guerre civile qui selon une ONG a fait plus de 115 000 morts en deux ans et demi.

«Le régime est tyrannique et j'ai prié pour que Dieu aide le peuple opprimé», a-t-il dit.

Vêtus de blanc, les fidèles ont commencé dès le lever du jour à affluer vers le mont Arafat, également appelé «Jebal Al-Rahma» (mont de la Miséricorde).

«O Dieu me voilà répondant à ton appel», répétaient en choeur les pèlerins qui, en bus, en train ou à pied, avaient parcouru lentement les quelque 6 km séparant le mont Arafat de la vallée de Mina où le pèlerinage a commencé dimanche par une journée de prière.

Pour se protéger du soleil, plusieurs pèlerins étaient munis de parapluies ou campaient sous des tentes colorées. D'autres ont trouvé refuge sous les arbres pour échapper à une chaleur torride, le thermomètre affichant jusqu'à 40 degrés Celsius.

Des hélicoptères survolaient le secteur et des milliers de soldats étaient sur le qui-vive pour organiser le trafic sur les routes.

En milieu de journée, les pèlerins ont participé à une prière collective à la mosquée Namera, bâtie sur le site où le prophète Mahomet avait prononcé son dernier prêche il y a plus de 14 siècles.

Le mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, qui a dirigé la prière, a appelé à l'unité des musulmans visés, selon lui, «par l'ennemi qui veut semer le chaos» dans la région.

Il a mis en garde contre «les divisions et le confessionnalisme» alors que la tension est vive entre sunnites et chiites notamment en Irak et en Syrie.

Un pèlerin égyptien, dont le pays est secoué par une vague de violence depuis la destitution par l'armée en juillet du président islamiste Mohamed Morsi, a dit prier «pour l'entente et la réconciliation».

Le gouverneur de La Mecque, le prince Khaled al-Fayçal, président du Comité central du hajj, a annoncé que près de 1,5 million de fidèles participaient au pèlerinage de cette année. Au total, 1,38 million de pèlerins sont arrivés de l'étranger et 117 000 fidèles de l'intérieur du royaume, a-t-il précisé.

Ainsi, le nombre des fidèles a baissé de plus de 50%, par rapport aux 3,2 millions de pèlerins de l'an dernier. Riad a réduit de 20% du nombre de pèlerins de l'étranger et de 50% celui d'Arabie saoudite, en invoquant le risque d'une épidémie du coronavirus MERS et des travaux d'agrandissement des lieux saints.

Le hajj se déroule sans incident et aucun cas du coronavirus MERS, qui a fait 60 morts dans le monde, dont 51 en Arabie saoudite, n'a été enregistré, selon les autorités saoudiennes.

Celles-ci ont changé, lundi, comme elles le font tous les ans, la Kiswa de la Kaaba, une étoffe de soie brodée de fils d'or, qui recouvre ce site sacré de forme cubique à la Grande mosquée de La Mecque. Le coût de la Kiswa est estimé à 22 millions de riyals (5,4 millions de dollars).

Au coucher du soleil, les fidèles doivent affluer à la vallée de Mouzdalifa, à quelques kilomètres de là, pour y passer la nuit.

Selon la tradition, ils y ramassent des cailloux pour le rituel de la lapidation de Satan dans la vallée de Mina, au premier jour de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice célébrée à partir de mardi.

Le hajj, le plus grand pèlerinage annuel au monde, est l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens.