Une délégation syndicale internationale a visité mardi un camp d'ouvriers au Qatar, pays centre d'une polémique sur les conditions de travail de cette main d'oeuvre immigrée employée sur des chantiers d'infrastructure pour le Mondial de football 2022.

Ce groupe, qui comprend 18 membres de la Fédération internationale du bâtiment et du bois, n'a en revanche pas pu se rendre sur un autre site, faute d'autorisation.

Le camp visité, appelé Global Village Ras Laffan, est situé à 70 km au nord de la capitale Doha et accueille 47.000 travailleurs du secteur du bâtiment employés sur de gros chantiers comme celui de la ville nouvelle de Lusaïl.

Les responsables du camp ont insisté, lors de longues explications à la délégation, sur les conditions acceptables, selon eux, dans lesquelles sont logés les ouvriers, en grande partie des Asiatiques, et montré à la délégation des terrains de sport, y compris des courts de tennis.

Un membre de la délégation, Gilles Letort, du syndicat français CGT, a cependant relevé la grande concentration des travailleurs dans ce camp où les logements sont en préfabriqués.

La mission, qui a débuté lundi, avait été décidée avant les révélations le mois dernier du quotidien britannique The Guardian, faisant état de la mort de 44 ouvriers népalais sur les chantiers du Qatar. Le site visité mardi n'est pas mentionné dans l'article du Guardian.

La délégation doit élaborer un rapport à la fin de sa mission jeudi.

Dans la matinée, les membres de la délégation ont rencontré des représentants du Comité des droits de l'Homme du Qatar, qui relève du ministère de l'Intérieur, et voulu se rendre sur un site de construction, appelé le Coeur de Doha, où sont employés 35 000 ouvriers.

Mais faute d'une autorisation en bonne et due forme, ils n'ont pu accéder au site situé dans le centre de la capitale et destiné à ériger un immense quartier d'habitations et d'affaires.

Les responsables du Comité des droits de l'Homme ont évoqué un «couac dans l'organisation» et promis d'obtenir les permissions nécessaires pour une autre visite.

La délégation doit être reçue mercredi au siège du ministère du Travail et espère effectuer d'autres inspections.

Le Comité des droits de l'Homme avait admis la semaine dernière certains abus, mais rejeté les accusations d'esclavagisme portées par le Guardian.

Le ministre du Travail Ali Ahmad Al-Khalifi a promis pour sa part de doubler le nombre d'inspecteurs du travail sur les chantiers à 150.