Près de 50 personnes ont été tuées lundi à Bagdad dans une nouvelle vague d'attentats visant principalement la communauté chiite, faisant de septembre un des mois les plus sanglants de l'année.

Les violences ont fait plus de 870 morts depuis le début du mois, et plus de 4700 morts depuis le début de l'année, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources sécuritaires et médicales.

Lundi matin, 12 voitures piégées ont explosé dans neuf quartiers de Bagdad -six majoritairement chiites, un mixte et deux sunnites-, faisant 47 morts et plus de 140 blessés, selon ces sources.

Les deux attentats les plus meurtriers ont eu lieu dans les quartiers chiites de Kazimiya (9 morts et 19 blessés) et Choula (6 morts et 14 blessés), dans le nord de Bagdad.

A Bagdad al-Jadida, dans l'est de la capitale, une bombe a tué quatre personnes dans un parking. Plusieurs véhicules ont brûlé tandis que les vitres des maisons et d'une clinique pour femmes toute proche ont volé en éclats, selon un correspondant de l'AFP.

Plus tard dans la journée, lors d'une attaque isolée, trois personnes sont mortes dans l'explosion d'une bombe dans le quartier de Dora, au sud de la capitale, au moment où des fidèles quittaient la mosquée Al-Mustafa. Au moins 12 personnes ont été blessées.

Ailleurs dans le pays, deux personnes sont mortes dans des attaques dans les province de Ninive et de Diyala, portant à 52 morts le bilan de la journée.

Ces attentats n'ont pas été revendiqués dans l'immédiat, mais depuis plusieurs mois, des groupes liés aux insurgés sunnites d'Al-Qaïda attaquent des mosquées, des marchés, des funérailles et même des terrains de football fréquentés par la communauté chiite.

Le pays connaît depuis le début de l'année un regain de violences, sur fond d'impasse politique qui pourrait, selon des experts, se prolonger jusqu'aux élections législatives prévues en 2014.

Les attentats sont quotidiens. Et les bilans des quatre derniers mois renouent avec le niveau de violence de 2008, lorsque le pays sortait difficilement d'une quasi-guerre civile entre sunnites et chiites.

SPIRALE «INFERNALE»

Dimanche, au moins 47 personnes avaient péri dans un attentat suicide visant des funérailles dans une mosquée chiite au sud de Bagdad.

Le même jour, la région autonome du Kurdistan irakien, épargnée depuis des années par les violences, a été frappée par un attentat qui a visé le QG des services de sécurité à Erbil et fait sept morts au sein des forces de l'ordre et six du côté des assaillants.

Le département d'État américain a jugé que cette série d'attentats, dimanche et lundi, était «odieuse et scandaleuse» et le fait de «terroristes ennemis communs des États-Unis, de l'Irak et de la communauté internationale».

La mission de l'ONU en Irak a lancé il y a une dizaine de jours une mise en garde contre une spirale «infernale» de représailles entre sunnites et chiites.

«Les représailles ne peuvent qu'entraîner de nouvelles violences, et il est de la responsabilité des dirigeants de prendre des mesures fermes pour éviter que la violence empire», avait dit le représentant adjoint de l'ONU en Irak, Gyorgy Busztin.

Ces violences s'accompagnent également de mouvements d'exode de populations chiites et sunnites dans le pays. Selon l'ONU, 5000 personnes ont été chassées de chez elles cette année en raison des «attaques et tensions confessionnelles».

Pour les spécialistes, la recrudescence des violences vise à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays qui peine à retrouver une stabilité, 10 ans après l'invasion américaine qui a renversé le président Saddam Hussein.

Elle coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l'encontre du gouvernement dominé par les chiites, accusé en particulier de multiplier les arrestations arbitraires.

L'ONU et de nombreux diplomates ont appelé le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser davantage les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les groupes extrémistes.

Mais en réponse aux violences, le gouvernement a intensifié une campagne contre les insurgés sunnites, procédant à de nombreuses arrestations.

Et la paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption endémique et à une défaillance des services publics, contribuent à alimenter l'instabilité dans le pays.