Des chiites bahreïnis ont manifesté vendredi par milliers, à l'appel de l'opposition, après des heurts nocturnes entre jeunes activistes et policiers dans des villages de la périphérie de Manama.

L'opposition chiite avait appelé à manifester pour protester notamment contre l'arrestation d'un dirigeant du principal groupe de l'opposition, la formation chiite Al-Wefaq. Khalil Marzouk est détenu sous l'accusation d'«incitation au terrorisme».

La manifestation sur la grande artère de Budaï, à l'ouest de la capitale, n'a pas été marquée par des violences, ont indiqué des témoins.

Par contre, de petits groupes de manifestants qui ont tenté de marcher sur l'ancienne Place de la perle, proche du centre de Manama, ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes de la police, selon les mêmes sources.

La Place de la perle avait été l'épicentre de la contestation des chiites, majoritaires à Bahreïn, contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa au printemps 2011, dans le sillage du Printemps arabe. Depuis, la place a été interdite aux manifestants.

Au cours de la marche de vendredi, des protestataires ont déployé des drapeaux bahreïnis et crié des slogans comme «révolution jusqu'à la victoire» et «nous n'oublierons pas les martyrs».

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des heurts ont opposé des manifestants à des policiers dans des villages chiites, ont annoncé le ministère de l'Intérieur et des témoins.

«Des policiers ont été visés par un acte terroriste consistant en des jets de cocktails Molotov qui ont incendié en partie un véhicule des forces de l'ordre dans le village de Chaharkhan (ouest)», a indiqué le ministère dans un communiqué.

Selon des témoins, de nombreux chiites ont manifesté dans la nuit à Manama et dans des villages chiites en réclamant la libération de détenus et appelant à la chute de la monarchie sunnite.

La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont répliqué par des jets de pierres et de cocktails Molotov, ont-ils ajouté.

Petit royaume du Golfe dirigé par la monarchie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite qui réclame une monarchie constitutionnelle.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 89 personnes ont été tuées à Bahreïn depuis le début de la contestation.