Au moins 12 personnes ont été tuées dimanche dans un attentat suicide contre des funérailles sunnites à Bagdad, 24 heures après une attaque semblable contre des funérailles chiites.

L'attentat à la bombe, dimanche dans le quartier de Dora, a également fait près de 30 blessés, a-t-on appris de sources sécuritaires et médicales.

Il intervient au lendemain de la mort de plus de 70 personnes tuées lors de funérailles dans un quartier chiite de la capitale. Plus de 200 personnes avaient été blessées.

Vendredi, au moins 24 sunnites avaient été tués dans l'explosion de bombes dissimulées dans des appareils de ventilation d'une mosquée lors d'une cérémonie de prières.

La mission de l'ONU en Irak a lancé dimanche une mise en garde contre une spirale «infernale» de représailles entre sunnites et chiites après la multiplication d'attentats ces derniers mois qui font craindre une reprise de la guerre confessionnelle qui avait ensanglanté le pays, notamment en 2006-2007.

«Les représailles ne peuvent qu'entraîner de nouvelles violences, et il est de la responsabilité des dirigeants de prendre des mesures fermes pour éviter que la violence empire», a affirmé le représentant adjoint de l'ONU en Irak, Gyorgy Busztin, dans un communiqué.

«Les responsables de ce crime horrible cherchent à fomenter la violence confessionnelle et l'instabilité», avait déploré pour sa part samedi le président du Parlement irakien et principale figure politique sunnite du pays, Oussama al-Noujaifi, après l'attaque contre des chiites.

Deux kamikazes avaient visé samedi plusieurs grandes tentes dressées, selon la tradition, dans la rue à Sadr City pour accueillir les participants aux funérailles d'un chef de la tribu al-Fartoussi.

Près de 500 attentats à la voiture piégée ont eu lieu en Irak, dont la moitié à Bagdad, depuis le début de l'année, selon une source diplomatique occidentale. À ce chiffre il faut rajouter une centaine de kamikazes qui se sont fait exploser au volant de voitures piégées, et environ 70 kamikazes à pied.

Depuis plusieurs mois, des groupes liés aux extrémistes sunnites d'Al-Qaïda s'attaquent à des mosquées, des marchés, et même des terrains de football fréquentés par la communauté chiite, notamment au travers d'attentats suicide.

Des attentats visant les sunnites commencent également à se multiplier, mais il est rare de voir des attentats suicide perpétrés par des chiites.

L'ONU a fait état de plus en plus de cas de déplacements forcés de populations, apeurées par les attentats.

Les autorités assurent que les opérations menées contre les insurgés donnent des résultats, et ont annoncé l'arrestation de centaines de combattants et la mort de dizaines d'autres.

Mais les critiques se poursuivent à l'égard du gouvernement, à majorité chiite, accusé de recourir à la manière forte en procédant à des arrestations massives et arbitraires parmi la population sunnite, et en maltraitant les prisonniers.

Selon des analystes, cette colère est le terreau du recrutement des groupes insurgés.

Près de 600 personnes ont été tuées dans des attentats depuis le début du mois, et plus de 4400 depuis le début de l'année, selon un bilan établi par l'AFP.

Les attentats ont retrouvé leur niveau d'il y a cinq ans lorsque le pays commençait tout juste à sortir de la guerre civile.