Des dizaines de milliers de Yéménites ont manifesté mercredi à Sanaa pour réclamer la levée de l'immunité dont jouit l'ex-président Ali Abdallah Saleh, deux ans jour pour jour après la répression sanglante d'une manifestation par ses forces.

La manifestation est intervenue alors que l'ancien président, qui a dû céder le pouvoir en février 2012, mais demeure chef du Congrès populaire général (CPG, ancien parti présidentiel), est accusé de tenter d'entraver les travaux de la conférence de dialogue national.

«Pas d'immunité, pas de garantie», «Saleh et ses conseillers doivent être jugés», «le peuple veut le jugement du tyran», clamaient les manifestants, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Le cortège a suivi le même itinéraire que la manifestation du 18 septembre 2011, au cours de laquelle 35 manifestants hostiles à M. Saleh avaient été tués et des centaines d'autres blessés lorsque les forces de sécurité avaient ouvert le feu.

Ali Abdallah Saleh a cédé le pouvoir en février 2012 au vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, après 33 ans passés au pouvoir, en vertu d'un accord de transition, mais il est accusé de continuer à nourrir des ambitions politiques et certains de ses détracteurs affirment qu'il alimente l'instabilité dans le pays.

La manifestation, qui s'est déroulée à l'appel des jeunes du parti islamiste Al-Islah, est intervenue alors que la conclusion du dialogue national, cruciale pour la poursuite du processus de transition politique, bute sur la question de l'autonomie du Sud.

Les partisans de l'ancien président bloquent un projet d'accord sur un État fédéral formé de deux entités, le Nord et le Sud, selon Ahmad Awad Ben Moubarak, porte-parole de la conférence de dialogue national.

Le Yémen est le seul des pays du Printemps arabe où un soulèvement populaire s'est terminé par une solution négociée.