Des talibans ont assassiné mercredi un haut responsable de la commission électorale afghane dans le nord du pays, faisant craindre une nouvelle vague de violences à l'approche de la présidentielle d'avril, selon les autorités.

Amanullah Aman, chef de la Commission électorale indépendante (IEC) pour la province de Kunduz a été tué par des hommes armés circulant à moto près de chez lui, a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement local, Enayatullah Khaliq.

«Deux hommes armés ont ouvert le feu en direction de son véhicule. Il a succombé à ses blessures à l'hôpital», a-t-il ajouté. Le numéro deux de la police locale, Ebadullah Talwar, a confirmé son décès.

La province de Kunduz, limitrophe du Tadjikistan, est située dans le nord de l'Afghanistan, une région moins touchée par l'insurrection talibane, sans en être épargnée.

Les talibans, hostiles à ce scrutin qu'ils considèrent comme une «perte de temps», ont revendiqué le meurtre dans un bref communiqué diffusé sur leur site internet.

L'assassinat a été condamné «dans les termes les plus forts» par le président afghan Hamid Karzaï, qui a dénoncé un acte visant à empêcher les Afghans de participer à l'élection présidentielle, selon un communiqué de la présidence.

L'IEC a pour sa part rendu hommage à Aman, «un des membres les plus honnêtes et expérimentés de la Commission électorale indépendante», a déclaré dans un communiqué une porte-parole de la commission, Marzia Siddiqi Salim.

«Sa mort est une grande perte pour l'IEC et le processus démocratique» en Afghanistan, a-t-elle ajouté.

Le meurtre de M. Aman est le premier d'un haut responsable de la commission électorale à l'approche de la présidentielle du 5 avril devant permettre de désigner le successeur d'Hamid Karzaï, qui ne peut briguer un troisième mandat à la tête de l'État, selon la Constitution.

Cette présidentielle doit marquer la première transition démocratique en Afghanistan, de surcroît dans un contexte d'incertitudes alimenté par le retrait prévu fin 2014 des soldats de l'OTAN.

Le compte à rebours pour ce scrutin a véritablement commencé lundi avec l'ouverture de la période de dépôt des candidatures, qui se poursuit jusqu'au 6 octobre.

Les noms d'Abdullah Abdullah, rival de M. Karzaï lors de la présidentielle de 2009, d'Abdul Rasul Sayyaf, ancien seigneur de guerre, de l'ex-ministre des Finances Ashraf Ghani, ou encore du ministre des Affaires étrangères, Zalmai Rassoul, sont souvent cités comme d'éventuels présidentiables.

Les autorités afghanes, comme les bailleurs de fonds étrangers, craignent que ne se reproduise le climat de la présidentielle de 2009, minée par des fraudes et endeuillée par des violences.

«Une bonne élection serait favorable à ma réputation», a déclaré mardi le président Karzaï, promettant de rester «neutre» et de «mettre fin aux interventions étrangères» dans la politique locale.

S'ils boycottent la présidentielle, les talibans sont néanmoins conviés par le pouvoir à Kaboul à des pourparlers dans l'espoir de pacifier le pays à l'approche de ce scrutin et du retrait des soldats de l'OTAN.

Les insurgés refusent toutefois de discuter directement avec le président Karzaï qu'ils considèrent comme une «marionnette» des États-Unis.