Les autorités yéménites ont présenté mardi à la presse une fillette comme étant la petite Rawan, pour démentir les informations selon lesquelles elle serait décédée lors de sa nuit de noces après avoir été mariée de force.

Les informations de médias locaux et internationaux et de militants yéménites des droits de l'homme selon lesquelles cette fillette de huit ans, venant d'une région reculée du nord-ouest du Yémen, est morte après avoir été violée par son époux, avaient provoqué un tollé.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, s'était déclarée «consternée» par sa mort, et avait appelé le Yémen à interdire les mariages d'enfants, pratique courante dans ce pays.

«Voici la fillette Rawan. Elle est vivante et n'a jamais été mariée», a annoncé lors d'une conférence de presse le directeur des enquêtes criminelles de la région de Harad, dans la province de Hajja (nord-ouest), Musleh Al-Ghazzi.

Il a présenté à la presse la fillette qui a affirmé se nommer Rawan Mohamed Abdo Hattane et assuré n'avoir pas été mariée. «Tout ce qui a été dit est faux. Ma soeur aînée, âgée de 18 ans, a été mariée récemment», a dit la fillette brune (contrastant physiquement avec toutes les photos montrant une jeune fille à la peau beaucoup plus pâle comme étant Rawan), portant une robe claire à manches courtes, les cheveux recouverts d'un foulard.

Le responsable a présenté un homme se tenant aux côtés de la fillette comme étant son père, mais ce dernier n'a pas fait de déclaration.

Le gouvernement avait annoncé vendredi avoir formé une commission d'enquête sur la mort présumée de cette fillette alors que l'agence officielle SABA avait cité le gouverneur de Hajja qui avait démenti toute l'affaire.

La ministre yéménite des Droits de l'homme, Houria Machhour avait, elle, annoncé samedi vouloir oeuvrer à l'élaboration d'un nouveau projet de loi fixant à 18 ans l'âge légal du mariage au Yémen, après les informations sur l'affaire Rawan.

Selon un rapport de Human Rights Watch de 2011, des statistiques officielles et de l'ONU montrent qu'environ 14 % des jeunes filles yéménites sont mariées avant l'âge de 15 ans et 52 % avant 18. Dans certaines zones rurales, des enfants de huit ans sont données en mariage à des hommes parfois beaucoup plus âgés.