Le groupe pétrolier britannique BP a signé un contrat avec Bagdad concernant un champ de pétrole qui se trouve au coeur d'un différend entre le gouvernement fédéral et la région autonome du Kurdistan irakien, ont annoncé mercredi des responsables.

L'accord, condamné par les autorités kurdes, prévoit que BP mène des analyses dans le champ de Kirkouk, mais ouvre la porte à ce que le groupe travaille à augmenter la production de ce gisement.

Le développement de ce champ est un des objectifs de l'Irak, qui souhaite augmenter sa production pétrolière afin de financer une reconstruction plus que nécessaire.

Mais de nombreux différends opposent le gouvernement central de Bagdad et le Kurdistan irakien, notamment concernant le partage des recettes pétrolières et la souveraineté de la zone autour de Kirkouk, une région riche en pétrole, que les Kurdes veulent inclure dans le Kurdistan.

«Le contrat prévoit des études du champ pétrolier (...) La compagnie doit mener ces études dans un délai de 18 mois», a indiqué à l'AFP un haut responsable de la compagnie nationale irakienne North Oil Company, qui a la gestion de ce champ.

«Une fois le rapport présenté et la possibilité d'augmenter la production du champ confirmée,  un contrat de service serait signé sur 20 ans», a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.

«En cas d'échec à obtenir un accord sur le contrat de service, le ministère du Pétrole paiera son du à la société», est-il encore prévu par cet accord, finalisé mardi à Bagdad, de même source.

Le champ pétrolier de Kirkouk, qui produit actuellement 270 000 barils de pétrole par jour, devrait, selon ce responsable, passer à une production de 500 000 bpj d'ici trois ans.

Un porte-parole de BP à Londres a uniquement confirmé avoir reçu une lettre d'intention à ce sujet.

Un porte-parole du ministère des Ressources naturelles du Kurdistan irakien a condamné cet accord.

«Le gouvernement du Kurdistan autonome rejette tout accord qui contrevient à la Constitution et va contre les intérêts de l'Irak», a-t-il indiqué dans un communiqué, assurant qu'«aucune compagnie ne sera autorisée à travailler dans les territoires contestés» sans «l'accord formel et l'implication du gouvernement du Kurdistan».

Bagdad reproche au Kurdistan de passer des contrats pétroliers directement avec des compagnies étrangères, sans l'aval du gouvernement central.

Des diplomates et dirigeants considèrent que les différends entre Bagdad et Erbil, notamment le différend territorial concernant Kirkouk, est une de plus sérieuses menaces à long terme pour la stabilité de l'Irak.