L'attentat à la voiture piégée qui a dévasté jeudi un bastion du Hezbollah chiite dans la banlieue sud de Beyrouth a fait au moins 22 morts, selon un nouveau bilan de la police vendredi.

Selon la Croix-Rouge, l'attentat a également fait 325 blessés. Les deux bilans ne sont pas encore définitifs.

L'Agence nationale d'information (ANI) rapportait en outre vendredi matin que sept personnes, dont un homme et ses trois enfants, étaient encore portés disparus.

L'armée libanaise a appelé les proches de disparus à se rendre au siège de la police à Beyrouth pour faire des tests d'ADN afin d'identifier des corps.

Beaucoup de gens ont été bloqués dans leurs appartements en raison de l'énorme incendie qui s'est déclaré après la puissante explosion, qui a dévasté de nombreux immeubles.

L'attentat s'est produit dans le secteur densément peuplé de Roueiss, un fief du Hezbollah, puissant parti chiite et allié indéfectible du régime syrien au côté duquel il combat la rébellion en Syrie.

Cet attentat, le plus sanglant en trois décennies dans cette zone ultra-sécurisée, a été condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU et par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

Vendredi a été décrété journée de deuil national et aucune information concernant les funérailles des victimes n'étaient pas disponibles dans l'immédiat.

Vendredi matin, des enquêteurs poursuivaient leur travail d'investigation sur le site de l'explosion, bouclé par des membres de sécurité du Hezbollah, a constaté un photographe de l'AFP.

Ces membres du parti en tenue civile inspectaient également les voitures dans d'autres zones de la banlieue sud.

Le conseil supérieur de la défense, qui rassemble les principaux services de sécurité, l'armée et le président de la République, tenait par ailleurs une réunion.

Les autorités libanaises ne privilégient pour le moment aucune piste, même si le président de la République libanaise Michel Sleimane a affirmé jeudi que l'attaque portait la «marque d'Israël», ennemi juré du Hezbollah.

Le président israélien Shimon Peres a rejeté ces allégations, affirmant que son pays n'avait «rien à voir avec la situation au Liban».

Depuis sa création en 1982 au Liban par les Gardiens de la révolution iraniens, le parti chiite prône la lutte armée contre Israël avec qui il s'est engagé dans une guerre destructrice en 2006.

L'attentat a été revendiqué par un groupuscule totalement inconnu portant un nom à connotation sunnite dans une vidéo qui n'a pas pu être authentifiée. «Hassan Nasrallah, nous t'envoyons notre deuxième puissant message, car tu ne comprends toujours pas», indique l'un des hommes de la vidéo, à l'adresse du chef du Hezbollah.

Dans la rue, les accusations fusaient.

«Nous tenons pour responsable toute personne opposée à la résistance (Hezbollah)», a affirmé un habitant à la télévision.

«L'Arabie saoudite qui envoie des extrémistes en Syrie, envoie également des bombes dans la banlieue» de Beyrouth, a lancé un autre habitant.

L'Arabie saoudite, principal soutien des rebelles en Syrie, a critiqué avec virulence le soutien du Hezbollah à l'armée syrienne.

Hassan Nasrallah doit s'exprimer vendredi à l'occasion d'une cérémonie qui était prévue avant l'attentat, pour commémorer la fin de la guerre de 2006.

Dans une interview télévisée à la veille de l'attentat, il avait affirmé avoir pris des mesures pour éviter un autre attentat après celui perpétré le 9 juillet, déjà dans la banlieue sud, et qui avait fait 15 blessés.

Photo AFP

Les rebelles de Syrie disent ne rien à voir avec l'attentat

La principale composante de la rébellion luttant contre le régime syrien, a affirmé vendredi ne rien à voir avec l'attentat meurtrier.

«Nous, l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), condamnons cet acte criminel qui a visé des civils», a indiqué à l'AFP Louai Moqdad, coordinateur politique et responsable de la communication au sein de l'ASL.