La Turquie va retirer une partie de ses troupes de la mission de maintien de la paix des Nations unies au Liban, ont annoncé samedi des sources en Turquie et à l'ONU, qui excluent un lien entre cette décision et l'enlèvement de deux pilotes turcs.

«Environ 250 personnes de la force du génie militaire ne seront prochainement plus actifs dans la Finul (force intérimaire des Nations Unies déployée dans le sud du Liban)», a déclaré à l'AFP une source diplomatique turque qui a requis l'anonymat.

Cette annonce intervient au lendemain de l'enlèvement à Beyrouth de deux pilotes de la Turkish Airlines pour faire pression sur les autorités turques afin qu'elles poussent les rebelles syriens à relâcher neuf chiites libanais détenus depuis mai 2012.

Peu après, la Turquie, qui soutient la rébellion syrienne face au régime de Bachar al-Assad, a appelé ses citoyens à quitter le Liban et à ceux comptant s'y rendre à annuler leur voyage à moins d'un «impératif vital».

Les sources turques et aux Nations unies ont soutenu que la décision du retrait avait été prise bien avant l'enlèvement des deux pilotes.

«Le 6 août, le département des opérations de maintien de la paix nous a informés que le gouvernement turc avait décidé de désengager l'unité turque de génie militaire de la Finul», a précisé à l'AFP le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti.

Il a décrit ce changement comme un processus habituel.

«C'est aux pays de décider de leur participation, et, on le voit dans toutes les missions de maintien de la paix, des pays diminuent leur contingent, d'autres l'augmentent», a ajouté M. Tenenti.

«L'important, c'est que les capacités opérationnelles de la mission sont intactes, qu'elles sont maintenues sur le terrain, et donc que l'efficacité de la mission n'est pas entamée», a-t-il ajouté.

Selon la source diplomatique turque, ce retrait tient compte des besoins de la Finul.

«Le mandat de notre force a été élargi en juillet. À cette époque, il avait également été décidé qu'il y aurait des changements dans la configuration de notre contingent mais cette décision a été prise conformément aux besoins de la Finul et cela n'a rien à voir avec les derniers événements», a-t-elle ajouté.

La Turquie maintient en revanche sa présence dans la Finul avec des unités de marine.

«Nos unités de la force maritime, dont le nombre varie entre 100 et 300 personnes, restent mobilisées», selon la source diplomatique turque.

La Finul a été mise en place au Sud-Liban en 1978 après l'invasion du pays par Israël la même année.

Sa mission a été élargie après la guerre d'Israël au Liban en 2006. La mission déploie actuellement 13 000 personnes de différents pays.

«Efforts exceptionnels» pour libérer les pilotes turcs

Les autorités libanaises fournissent des «efforts exceptionnels» pour obtenir la libération de deux pilotes turcs enlevés près de l'aéroport de Beyrouth, a assuré samedi le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel au lendemain de ce rapt.

«L'État libanais fournit des efforts exceptionnels pour libérer (les pilotes). Les services de sécurité ne ménagent aucun effort», a-t-il assuré à l'ambassadeur de Turquie à Beyrouth, Inan Ozyildiz, selon l'agence nationale d'information ANI.

«Nous poursuivons l'enquête pour retrouver les deux Turcs (...) Le Liban est contre tout enlèvement et l'État fait tout ce qui est son pouvoir pour les libérer», a-t-il dit.

Des hommes armés ont enlevé vendredi à Beyrouth deux pilotes de la Turkish Airlines afin qu'Ankara, qui soutient les rebelles syriens, contraigne ces derniers à relâcher neuf chiites libanais qu'ils détiennent depuis mai 2012.

Le rapt des pilotes a eu lieu dans une zone majoritairement chiite, contrôlée notamment par le puissant parti Hezbollah, un allié du régime syrien.

Un groupe inconnu, le «groupe des visiteurs de l'imam Ali al-Rida» - du nom d'un imam vénéré par les chiites - a revendiqué l'enlèvement.

C'est au retour d'une visite de la tombe de cet imam en Iran que neuf pèlerins libanais avaient été enlevés dans le nord de la Syrie.

Les familles des pèlerins avaient maintes fois manifesté devant les locaux de Turkish Airlines à Beyrouth, appelant Ankara à user de son influence auprès des rebelles pour qu'ils soient relâchées.

Un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a affirmé que son pays n'avait «rien à avoir» avec l'enlèvement des Libanais en Syrie mais qu'Ankara faisait son possible «pour obtenir leur libération».

La Turquie a par ailleurs appelé ses citoyens à quitter le Liban et à ceux comptant s'y rendre à annuler leur voyage à moins d'un «impératif vital».

«Nous assurerons la protection des Turcs et de tout le monde au Liban», a affirmé samedi le ministre Charbel.

L'enlèvement des Libanais avait été revendiqué à l'époque par un certain «Abou Ibrahim» se disant membre de l'Armée syrienne libre (ASL, rébellion), mais l'ASL a nié toute implication.