Un attentat suicide au cours des funérailles d'un policier a fait au moins 38 morts jeudi dans la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest), assombrissant le début des fêtes de l'Aïd el-Fitr dans le 2e pays musulman le plus peuplé au monde.

L'attentat a été revendiqué par les talibans pakistanais. «Nous l'avons commis et vous verrez bientôt un autre attentat important dans les prochains jours», a assuré Shahidullah Shahid, porte-parole du groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP).

L'explosion a eu lieu dans le commissariat de Quetta, la capitale provinciale, pendant les funérailles d'un haut responsable de la police locale, Muhib Ullah. Il avait été tué plus tôt dans la journée avec ses deux fils et un chauffeur par un homme armé, selon des journalistes sur place.

«Il y a eu au moins 38 morts et plus d'une cinquantaine de blessés», a dit à l'AFP Mohammed Tariq, un haut responsable de la police locale, révisant à la hausse un précédent bilan de 28 morts.

«Il s'agit d'un attentat suicide... nos officiers sont devenus des martyrs, mais nous allons continuer à sacrifier nos vies pour protéger notre terre natale», a déclaré Mushtaq Sukhera, chef de la police du Baloutchistan.

De nombreux journalistes, dont un photographe de l'AFP, couvraient les funérailles du policier Muhib Ullah, et ont vu des cadavres joncher le sol après la violente explosion à l'extérieur d'une petite mosquée installée dans le commissariat de police.

«J'étais à l'intérieur de la mosquée et nous étions alignés pour la prière funéraire lorsque j'ai entendu une puissante explosion. Je suis sorti de la mosquée et j'ai vu des corps sur le sol», a témoigné Mohammad Hafiz, un policier. «La majorité des corps étaient méconnaissables, il y avait des lambeaux de chair et des morceaux de corps partout», a souligné un autre témoin à la chaîne de télévision locale ARY News.

La mort du policier Muhib Ullah avait plus tôt été annoncée à l'AFP par Fayyaz Sumbal, un membre de la direction des opérations tactiques et d'enquête de la police de Quetta. M. Sumbal a été tué dans l'explosion pendant les funérailles de son collègue.

Selon le porte-parole des talibans pakistanais, cette attaque doit venger les victimes des frappes de drones américaines, qui ciblent les talibans et les combattants d'Al-Qaïda dans les zones tribales dans le nord-ouest du Pakistan.

«Nous sommes en guerre avec la police et les autres forces de sécurité. Ils nous attaquent, on les prend pour cible», a déclaré Shahidullah Shahid. «N'importe où et dès que nous en aurons l'occasion, nous viserons les forces de sécurité, les responsables du gouvernement et la police», a-t-il ajouté.

Cet attentat intervient alors que le Pakistan se prépare à célébrer l'Aïd el-Fitr, fête marquant la fin du mois du ramadan, et après une série de violences en début de semaine au Baloutchistan.

Cette province, riche en hydrocarbure et en minéraux, est en proie aux violences contre la minorité musulmane chiite, aux attaques de talibans et à une insurrection locale.

Les rebelles sécessionnistes de l'Armée de libération du Baloutchistan avaient tué mardi 14 personnes, dont des membres des forces de sécurité, après avoir intercepté leurs véhicules à un point de contrôle improvisé.

«Explosion dans un cimetière en Afghanistan»

Dans l'Afghanistan voisin, une explosion dans un cimetière de la province du Nangarhar (est) a causé la mort de 14 personnes, sept femmes et sept enfants, ont annoncé les autorités locales.

Au moment de l'explosion, des femmes étaient réunies dans un cimetière afin de rendre hommage à l'épouse du chef de tribu Haji Ghalib, favorable au gouvernement de Kaboul.

Dans son message pour l'Aïd el-Fitr, le président Hamid Karzaï a exhorté les talibans afghans à mettre fin à leur insurrection afin de stabiliser le pays à l'approche des élections d'avril et du retrait des forces de l'Otan.

Dans une critique à peine voilée au Pakistan, accusé de servir de repaire aux insurgés, le président Karzaï a demandé aux talibans de défendre leur pays, l'Afghanistan, plutôt que des «étrangers».

«Vous travaillez pour d'autres, des armes (étrangères) sont placées sur vos épaules et tuent des Afghans innocents... Mettez-y un terme, soyez afghans», a-t-il tonné.