Les États-Unis ont fait évacuer mardi des dizaines d'employés de leur ambassade au Yémen et exhorté leurs ressortissants à quitter «immédiatement» ce pays de la péninsule arabique, après l'interception de communications d'Al-Qaïda sur un possible attentat.

Cette décision survient au moment où une vingtaine d'ambassades et de consulats américains au Moyen-Orient et en Afrique sont fermés jusqu'à samedi en raison de menaces «crédibles» d'attentats.

Soixante-quinze membres du personnel de l'ambassade des États-Unis à Sanaa ont été évacués tôt mardi à bord d'un avion militaire américain, a indiqué à l'AFP un responsable officiel s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. L'appareil s'est envolé vers la base dont les États-Unis disposent à Ramstein, en Allemagne.

Le Pentagone avait annoncé auparavant que l'armée de l'air avait exfiltré les employés de la représentation diplomatique américaine jugés non essentiels sur le terrain.

Parlant d'un niveau de risque «extrêmement élevé» au Yémen, le département d'État a rendu publique, à l'aube à Washington, une réduction à un niveau minimal du nombre d'employés restant à l'ambassade à Sanaa. Les États-Unis ont également pressé tous leurs ressortissants vivant au Yémen de «partir immédiatement».

«Nous sommes inquiets de menaces de possibles attentats terroristes contre des Américains ou des infrastructures à l'étranger, en particulier venant de la péninsule arabique», a expliqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.

D'ailleurs, le consulat des États-Unis à Milan, dans le nord de l'Italie, a été brièvement évacué mardi après-midi après une alerte à la bombe qui s'est avérée sans fondement.

Suivant son allié américain, Londres a fait évacuer tout son personnel de son ambassade à Sanaa et placé sa marine marchande en état d'alerte maximum.

Dans le même temps, quatre membres présumés d'Al-Qaïda ont été tués mardi à l'est de Sanaa dans une attaque de drone. Les quatre hommes étaient à bord d'un véhicule qui a été pulvérisé par quatre missiles, selon un responsable tribal.

D'après le ministère yéménite de la Défense, au moins l'un d'eux figure sur une liste de suspects qui «planifiaient des attaques terroristes durant les derniers jours du ramadan et pendant la fête du Fitr».

Cette attaque de drone est la quatrième visant des membres présumés d'Al-Qaïda au Yémen depuis le 28 juillet. Ces opérations ont fait 17 morts.

Une des menaces les plus crédibles depuis le 11-Septembre

C'est l'interception de messages évoquant des menaces d'attentats entre le numéro un d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, et Nasser al-Whaychi, le chef de la filiale Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui a décidé les États-Unis à fermer une vingtaine d'ambassades et de consulats depuis dimanche, selon le New York Times et CNN.

Le premier aurait ordonné au second de perpétrer un attentat dès dimanche 4 août, rapporte le NYT. D'après CNN, Zawahiri a demandé à Whaychi de «faire quelque chose».

Le département d'État a actualisé sa liste de postes devant être ou rester fermés jusqu'au 10 août: ce sont 15 ambassades et consulats déjà clos dimanche et de quatre nouvelles représentations.

Selon un ancien collaborateur de la CIA au Moyen-Orient, Robert Baer, interrogé par CNN, cela est «très inhabituel»: «J'ai passé 21 ans à la CIA et je pense que je n'ai jamais vu fermer 22 ambassades simultanément».

Washington avait lancé son alerte jeudi, annonçant que 25 représentations diplomatiques et consulaires --sur 222 dans le monde-- allaient fermer à compter du 4 août.

Michael McCaul, président de la Commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, a parlé sur CBS «d'une des menaces les plus crédibles et les plus précises que j'ai vues depuis le 11-Septembre».

Un responsable officiel américain, cité par ABC News, évoque lui le risque qu'Al-Qaïda puisse déployer des kamikazes avec des bombes implantées chirurgicalement dans leur corps pour déjouer les contrôles de sécurité.

D'après le chef d'état-major américain Martin Dempsey, les menaces d'Al-Qaïda visent tous les intérêts occidentaux.

Outre le Royaume-Uni qui a évacué son poste yéménite, la France et l'Allemagne ont fermé leurs ambassades dans ce pays. Rome a mis en garde face au «risque particulièrement élevé» d'enlèvements d'Italiens au Yémen et le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies y a renforcé sa sécurité.