Hassan Rohani, un religieux modéré prônant le dialogue avec le monde, a pris samedi ses fonctions de président d'Iran, promettant d'oeuvrer pour lever les sanctions «injustes» imposées par les Occidentaux en raison du programme nucléaire iranien controversé.

Après son investiture, M. Rohani doit prêter dimanche serment devant le Parlement lors d'une cérémonie à laquelle l'Iran a pour la première fois invité des dirigeants étrangers, dont une dizaine de chefs d'État de la région et Javier Solana, ex-chef de la diplomatie européenne.

Ce fidèle du régime et du guide suprême de la République islamique d'Iran, Ali Khamenei, devrait aussi présenter, probablement dimanche selon les médias locaux, son gouvernement formé essentiellement de technocrates expérimentés qui doivent ensuite obtenir la confiance du Parlement.

La cérémonie d'investiture a eu lieu dans une Husseiniyeh, un lieu de culte chiite, chez l'ayatollah Khamenei, le véritable numéro un du régime, en présence des hauts responsables du pays.

«Le choix d'un homme compétent qui a servi pendant trois décennies l'establishment (islamique) et a résisté face aux ennemis en tant que religieux témoigne d'un message de fidélité au régime et de confiance au clergé», a écrit le guide dans le décret d'investiture lu par son chef de cabinet.

L'ayatollah Khamenei a ensuite pris la parole pour affirmer qu'il ne «fallait pas s'attendre à ce que les problèmes soient réglés en peu de temps», soulignant que «les pressions des ennemis» montraient qu'il fallait «renforcer le pays de l'intérieur».

Élu le 14 juin dès le premier tour avec 51 % des voix pour un mandat de quatre ans, M. Rohani, 64 ans, est devenu le septième président d'Iran. Il succède à Mahmoud Ahmadinejad, dont les huit ans de présidence ont été marqués par de fortes tensions avec l'Occident, en particulier sur le nucléaire.

Le nouveau président a prôné une «entente constructive avec le monde» pour régler cette crise et obtenir la levée progressive des sanctions économiques occidentales qui frappent durement l'économie de son pays.

Du fait des sanctions, l'Iran a vu ses revenus pétroliers passer de plus de 100 milliards de dollars à moins de 50 milliards entre 2011 et 2012, la valeur de sa monnaie chuter et l'inflation dépasser les 40 %.

«Le gouvernement va oeuvrer pour sauver l'économie, relancer l'entente constructive avec le monde, faire de nouveaux pas pour la grandeur de l'Iran, assurer les intérêts nationaux et lever les sanctions injustes» imposées par les Occidentaux, a déclaré M. Rohani après son investiture.

Aucun espoir de changement

«Le pays a besoin d'une détermination nationale pour s'éloigner de l'extrémisme et (de mettre en oeuvre) des politiques modérées», a-t-il dit.

Quelques jours après son élection, M. Rohani avait promis encore plus de «transparence» dans le programme nucléaire, pour prouver sa nature pacifique, tout en rejetant une suspension de l'enrichissement d'uranium exigée par l'Occident et Israël qui accusent Téhéran, malgré ses dénégations, de chercher à fabriquer l'arme nucléaire.

L'élection de M. Rohani avait été plutôt bien accueillie par la communauté internationale, qui veut y voir un espoir d'assouplissement dans la politique iranienne. Négociateur nucléaire en chef entre 2003 et 2005, il avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium.

Portant un turban blanc et une barbe grisonnante, M. Rohani est proche de l'ex-président modéré Akbar Hachémi Rafsandjani, qui avait appelé, tout comme l'ex-président réformateur Mohammad Khatami, à voter pour lui.

À Paris, la présidente du Conseil national de la résistance iranienne (opposition en exil), Maryam Radjavi, a déclaré à l'AFP n'avoir «aucun espoir de changement» en Iran avec l'arrivée de M. Rohani qui, selon elle, «n'a pas le pouvoir ni la volonté» de changer le régime.

Alors que M. Ahmadinejad avait multiplié les attaques contre Israël, en mettant en cause la réalité de l'holocauste ou en affirmant que ce pays était voué à la  «disparition», M. Rohani y est lui aussi allé de sa diatribe contre l'«ennemi» vendredi.

«Dans notre région, une blessure a été créée dans le corps du monde islamique sous l'ombre de l'occupation de la terre sacrée de Palestine et de notre cher Qods (Jérusalem)» par Israël, a dit le nouveau président dont le pays ne reconnaît pas l'existence d'Israël.

Pour Israël, ces propos ont montré que le président avait «changé en Iran, mais pas le but du régime de fabriquer l'arme nucléaire afin de menacer (...) la sécurité du monde entier».