Soixante-quatre personnes ont péri lundi en Irak, dont au moins 57 dans une vague d'attentats visant en majorité des régions chiites, selon des sources policières et médicales, le ministère de l'Intérieur mettant en garde contre le chaos dans le pays.

Avec ces dernières attaques, plus de 800 personnes ont été tuées dans les violences depuis début juillet, et plus de 3000 depuis le début de l'année, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité.

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a appelé les citoyens «à soutenir» les forces de sécurité pour combattre les violences.

L'Irak est confronté «à une guerre ouverte menée par des forces confessionnelles sanguinaires qui visent à plonger le pays dans le chaos», a-t-il ajouté.

Les attentats, visant en majorité la communauté chiite, ont fait au moins 57 morts et plus de 200 blessés. Ils ont débuté vers 7 h et se sont poursuivis pendant près de deux heures.

À Bagdad, 11 voitures piégées ont explosé dans neuf quartiers différents, dont au moins sept à majorité chiite, faisant 34 morts et plus de 130 blessés.

À Sadr City, un quartier chiite de Bagdad, une voiture piégée a explosé sur une place où des ouvriers journaliers se réunissent de bon matin pour chercher du travail. L'explosion a détruit les devantures de magasins, selon un photographe de l'AFP. Une seconde bombe à Sadr City visait des magasins vendant des matériaux de construction.

Une voiture piégée a également explosé à Mahmoudiya, à 30 kilomètres au sud de la capitale, tuant au moins deux personnes et en blessant 25.

À Kout, une ville à majorité chiite, à 160 km au sud de Bagdad, deux voitures piégées ont visé le centre-ville, faisant au moins six morts et 57 blessés.

Toujours au sud de la capitale, deux autres attentats à la voiture piégée se sont produits à Samawa, une ville chiite à 280 km de Bagdad, faisant au moins deux morts et des dizaines de blessés.

Une voiture piégée a explosé à Bassorah, la ville portuaire du sud du pays, là aussi à majorité chiite, faisant quatre morts et cinq blessés.

Et cinq policiers, dont un lieutenant-colonel et son fils, ont été tués par un engin piégé à Baïji, à 200 kilomètres au nord de la capitale.

L'armée a en outre annoncé avoir abattu 10 extrémistes à l'ouest de Tikrit, la ville de Saddam Hussein, ajoutant qu'elle avait mis la main sur un atelier de fabrication de voitures piégées.

L'escalade de la violence est liée au ressentiment de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, vis-à-vis de la majorité chiite qui dirige le pays aujourd'hui et qu'elle accuse de discriminations à son encontre.

Des manifestations sunnites ont débuté l'an dernier pour demander la libération de sunnites arrêtés en vertu d'une loi antiterroriste qui permet de les détenir de façon quasi-illimitée. La crise a connu un pic le 23 avril lorsque les forces de sécurité et des manifestants, pour la plupart non-armés selon l'ONU, se sont affrontés près de Hajiwah (nord), faisant 53 morts.

Depuis près de trois mois, les attentats se multiplient, renouant avec les niveaux de 2008, au sortir d'une quasi-guerre civile entre sunnites et chiites qui avait fait des dizaines de milliers de victimes en 2006-2007.

Des attaques à la bombe nombreuses et coordonnées contre la population civile ont lieu une à deux fois par semaine en moyenne, tandis que d'autres attentats, plus ciblés, visent quotidiennement les forces de l'ordre.

Des groupes liés à Al-Qaïda semblent en grande partie responsables des récents attentats contre les civils, commis probablement dans le but de relancer la guerre civile, selon les observateurs.

Ces groupes revendiquent rarement la responsabilité de telles attaques, souvent suivies de représailles de la part d'extrémistes chiites.

La semaine dernière, l'État islamique en Irak et au Levant, figure de proue d'Al-Qaïda en Irak, avait toutefois revendiqué deux attaques spectaculaires contre deux des principales prisons du pays, qui avaient permis de faire libérer plus de 500 détenus, dont des chefs d'Al-Qaïda.

bur-fc/vl