La minorité chiite du Koweït a perdu plus de la moitié de ses sièges au Parlement tandis que les libéraux en ont gagné quelques-uns, au cours des deuxièmes élections législatives en seulement huit mois.

Selon des résultats définitifs diffusés dans la nuit de samedi à dimanche par les autorités, les candidats de la minorité chiite n'ont obtenu que huit sièges sur les 50 que compte le Parlement. Lors des dernières élections de décembre, les chiites, qui représentent environ 30% de la population, avaient obtenu le nombre record de 17 sièges.

Les libéraux, qui n'avaient aucun siège au précédent Parlement, en ont cette fois gagné au moins trois. De même, les islamistes sunnites ont renforcé leur poids politique en passant de cinq à sept sièges.

Selon le site du ministère de l'Information, la participation était en hausse pour ce scrutin, où 52,5% des électeurs se sont rendus aux urnes, contre 40% seulement en décembre - un record d'abstention. Cette hausse serait due à la participation de tribus qui avaient boycotté les précédentes élections.

Parmi la centaine de bureaux de vote ouverts samedi, certains --notamment dans les zones tribales qui avaient boycotté le précédent scrutin - ont connu une forte affluence lorsque d'autres sont restés particulièrement calmes.

Le ministre de l'Information, cheikh Salman Hamoud Al-Sabah, s'est félicité à la mi-journée du nombre important d'électeurs. La canicule, avec un thermomètre affichant 45 degrés, était cependant de nature à dissuader certains de sortir voter.

Ce vote est aussi la première élection koweïtienne à se tenir pendant le mois du jeûne musulman du ramadan, pendant lequel les fidèles s'abstiennent de manger et de boire du lever au coucher du soleil.

A la veille du scrutin, le sixième en sept ans, les principaux groupes de l'opposition ont réitéré leur appel à boycotter l'élection pour protester contre un amendement de la loi électorale, en affirmant que la participation équivaudrait à légaliser la corruption.

Selon les opposants, la nouvelle loi électorale est de nature à donner à la famille régnante des Al-Sabah la possibilité de manipuler le résultat de la consultation.

La loi, confirmée en juin par la Cour constitutionnelle, limite le choix de l'électeur à un seul candidat alors qu'il avait la possibilité auparavant d'en choisir quatre.

« J'espère que le nouveau Parlement terminera sa législature » de quatre ans, a déclaré un électeur, Bassam Eid, à l'AFP.

« Nous sommes frustrés des dissolutions à répétition de l'Assemblée », a dit ce fonctionnaire, après avoir voté au bureau de vote d'Al-Qadsia, à l'entrée sud de la capitale.

Les deux derniers Parlements ont été dissous par la Cour constitutionnelle alors que les précédents l'ont été par le chef de l'État.

Mais ce nouveau scrutin n'apporte pas de réel espoir de voir ce riche pays pétrolier du Golfe connaître la stabilité politique.

« Je suis vraiment inquiet de la tournure des évènements, car il ne peut y avoir de développement sans la stabilité politique que nous appelons de nos voeux », a déclaré un autre électeur, Jawaed Abdel Hassan, un médecin.

Certains groupes politiques qui ont boycotté la dernière élection de décembre ont participé au scrutin, notamment l'Alliance démocratique nationale, de tendance libérale, et des représentants de tribus.

Mais peu d'opposants figuraient parmi les 300 candidats.

Huit femmes se présentaient à cette élection, le nombre le plus réduit de candidates depuis que les Koweïtiennes ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité en 2005.

Durant la campagne, l'opposition n'a pas vraiment réussi à mobiliser pour le boycottage comme elle l'avait fait en décembre dernier.

Peu avant le scrutin, les autorités ont fait état de l'arrestation d'au moins quatre candidats et de dizaines de leurs aides pour tentative d'achat de voix.

En dépit du fait que le Koweït soit la seule monarchie arabe du Golfe, avec Bahreïn, à avoir un Parlement élu, tous les postes clés de l'exécutif restent tenus par des membres de la famille Al-Sabah.

L'instabilité politique bloque des projets de développement en dépit d'excédents budgétaires colossaux et d'avoirs publics estimés à 400 milliards de dollars.

Membre de l'Opep, le pays détient 10% des réserves pétrolières mondiales et pompe 3 millions de barils de brut par jour.

Le Koweït a une population de 3,9 millions d'habitants, dont 69% d'étrangers, et seules 400.000 personnes ont le droit de vote sur une population autochtone de 1,23 million d'âmes.

L'âge légal pour voter est de 21 ans et les policiers et militaires sont interdits de vote. Les femmes représentent 53,1% du corps électoral.