Au moins 20 personnes ont été tuées et une quarantaine ont été blessées dans un attentat suicide perpétré vendredi à l'heure de la prière dans une mosquée sunnite près de Bakouba, au nord-est de Bagdad, ravivant les craintes d'une guerre confessionnelle ouverte.

La puissante explosion s'est produite à l'intérieur de la mosquée Abou Bakar Sadir, dans la petite ville de Wajihiyah, dans la province de Diyala.

Le kamikaze a fait exploser sa ceinture d'explosifs au moment où l'imam s'adressait aux fidèles avant le rituel des prières, selon un colonel de police.

Le bilan des morts, donné de source sécuritaire, a été confirmé par un médecin à l'hôpital de Bakouba.

«J'étais assis près de la porte d'entrée lorsqu'il y a eu une énorme explosion qui a tout fait sauter en l'air. Je n'ai rien ressenti jusqu'à ce que je me retrouve sur ce lit d'hôpital», a déclaré Sinan Ghaleb, blessé à la jambe.

«J'étais assis près de l'imam et la mosquée était pleine de monde. Il y a eu une grosse explosion et tout est devenu noir», a raconté pour sa part Omar Moudhir, également blessé aux jambes.

Bakouba et ses environs ont été la cible de multiples attentats ces derniers jours, dont l'un a fait trois morts mercredi parmi des enfants qui se baignaient dans une rivière.

Dans la ville proche de Mouqdadiya, quatre personnes avaient péri et 15 avaient été blessées mardi soir lorsqu'une bombe avait explosé devant une mosquée sunnite à l'issue de la cérémonie des prières.

Ces nouvelles violences portent à plus de 450 le nombre de tués depuis début juillet en Irak, et à plus de 2700 depuis le début de l'année, selon un bilan établi par l'AFP sur la base de rapports des forces de sécurité, confirmés par des sources médicales.

Prières écourtées

Les mosquées, aussi bien sunnites que chiites, sont de plus en plus fréquemment visées par des attentats.

Dans certaines mosquées sunnites de Bagdad, les prières du soir pour le ramadan ont d'ailleurs été écourtées de 45 à 15 minutes pour limiter les risques d'attaques, selon des fidèles.

L'Irak connaît depuis début 2013 un regain de violences qui fait craindre un retour aux sombres années du conflit confessionnel de 2006-2007.

«L'Irak est à la croisée des chemins. Je ne dirais pas que nous sommes déjà dans une guerre civile, mais les chiffres ne sont pas bons», avait estimé récemment le responsable de la mission onusienne pour les droits de l'Homme en Irak, Francesco Motta, en parlant du nombre croissant de victimes.

«Les divisions confessionnelles se creusent et se manifestent dans le pays d'une façon encore plus dangereuse, je dirais, qu'en 2007» lorsque la violence était à son comble, avait-il ajouté.

Selon l'ONU, jusqu'à 30 000 personnes auraient péri en 2007.

Seules l'arrivée massive de renforts américains et la mobilisation de supplétifs parmi les tribus sunnites pour combattre les groupes liés à al-Qaïda avaient permis d'endiguer la violence qui a atteint son plus bas niveau en 2011 avec 2771 morts, selon l'ONU.

Mais le mécontentement croissant de la minorité sunnite vis-à-vis du gouvernement à majorité chiite, les tensions associées à la guerre en Syrie et la paralysie totale des rouages politiques ont relancé les attentats.