Les talibans ont «provisoirement» fermé le bureau politique qu'ils avaient ouvert à Doha pour tenter de trouver un règlement au conflit afghan, accusant Washington et Kaboul de ne pas avoir été «honnêtes», a annoncé mardi un responsable des insurgés.

«Nous avons provisoirement fermé le bureau du Qatar parce que les promesses qui nous ont été faites ont été rompues», a déclaré à l'AFP ce responsable ayant requis l'anonymat et qui s'exprimait du Pakistan, où les talibans afghans ont des bases arrières.

«Les Américains, le gouvernement de Kaboul et toutes les (autres) parties impliquées n'ont pas été honnêtes avec nous», a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

A Washington, le département d'État a aussitôt minimisé la portée de l'annonce des talibans pour ce qu'il qualifie de «processus difficile».

«Les malentendus liés à l'ouverture (du bureau) ne devraient pas faire obstacle aux efforts de réconciliation si telle est la volonté des talibans», a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Jen Psaki, lors d'un point-presse.

«Nous continuerons à soutenir ce processus», a-t-il ajouté.

Les talibans avaient ouvert ce bureau le 18 juin dans la capitale qatarie. D'abord saluée, notamment par les États-Unis, comme une chance d'avancer vers des négociations de paix, l'installation de cette représentation talibane a tourné au fiasco.

La manière dont les insurgés ont ouvert leur bureau avait provoqué la colère du président afghan Hamid Karzaï, ulcéré par l'utilisation du nom «Emirat islamique d'Afghanistan», une allusion au régime taliban à Kaboul avant sa chute en 2001, et par l'annonce de possibles discussions directes entre insurgés et Américains.

En réaction, le président afghan avait menacé de boycotter toute négociation et suspendu des discussions sur un accord bilatéral de sécurité avec Washington.

La réaction de M. Karzaï semble avoir considérablement tendu ses relations avec son homologue américain Barack Obama, a rapporté lundi le New York Times, selon qui les États-Unis envisageraient d'accélérer le retrait de leurs troupes d'Afghanistan.

«Il y a toujours eu une option zéro (troupes), mais ce n'est pas la principale,» a déclaré un responsable occidental à Kaboul, cité par le journal. «C'est devenu l'une des éventualités, mais à en croire certains à Washington, ce pourrait être une voie réaliste».

Les deux présidents ont bien tenté de régler leurs différends en organisant une vidéoconférence le 27 juin, mais l'échange a été un échec, selon le New York Times.

Dix-sept personnes tuées par une bombe artisanale

La fermeture, même provisoire, du bureau des talibans sonne donc comme un nouveau revers pour l'ouverture de négociations de paix à un an et demi seulement du retrait de la majorité des quelque 100 000 soldats de la Force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf).

L'annonce de cette fermeture intervient dans un climat de multiplication des attaques des insurgés ces dernières semaines, les rebelles ayant en outre annoncé qu'ils ne cesseraient pas leur «jihad» pendant le ramadan.

Mardi, un soldat slovaque de l'Isaf a été abattu par un soldat afghan dans la province de Kandahar, bastion taliban dans le sud du pays, selon le ministre slovaque de la Défense, Martin Glvac.

Le soldat «est mort après qu'une personne portant un uniforme de l'armée afghane a ouvert le feu sur des membres de l'Isaf dans le sud» du pays, a indiqué la force internationale dans un communiqué.

Cet acte porte la marque des «ennemis de l'intérieur»: des soldats afghans qui retournent leurs armes contre les Occidentaux.

Au total 3348 membres de la coalition internationale sont morts depuis le début du conflit en 2001, selon le site indépendant icasualties.org.

Mardi également, au moins 17 personnes sont mortes dans l'explosion d'une bombe artisanale au passage de leur véhicule dans la province d'Herat.

«Douze femmes, quatre enfants et un homme ont péri dans l'explosion», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de la province d'Herat, Abdul Rauf Ahmadi.

L'attentat a eu lieu dans le district d'Obe, selon le chef de la police locale, Sher Agha. La bombe, «posée par les talibans, a explosé au passage d'un véhicule à trois roues qui se rendait dans un village voisin», a-t-il dit à l'AFP.

Les bombes artisanales et les attentats suicide sont les armes de prédilection des rebelles talibans.