Les faucons du Likoud sont favoris pour prendre le pouvoir au sein du grand parti de la droite israélienne, lors d'élections internes dimanche, et freiner ainsi toute intention de concessions de leur chef Benjamin Nétanyahou aux Palestiniens.

Les opposants déclarés à la création d'un État palestinien au côté d'Israël, qu'a tentée de promouvoir le secrétaire d'État américain John Kerry lors de sa récente tournée, ont le vent dans les voiles pour prendre le contrôle de l'appareil du Likoud.

Parmi eux se détache la figure du vice-ministre de la Défense Danny Danon, grand favori pour l'élection à la présidence du comité central du Likoud qui compte quelque 3600 militants et est prévue en soirée à Tel-Aviv.

Âgé de 42 ans, Danny Danon, un des chefs de file du lobby des colons, jouit d'une telle popularité parmi les cadres du parti que M. Nétanyahou a renoncé à se présenter contre lui de crainte d'être battu, selon les médias.

M. Nétanyahou restera néanmoins le président du parti.

Deux autres membres de l'aile dure du Likoud, le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin et la députée Miri Regev, sont bien placés pour prendre la direction du bureau du Likoud, chargé des questions idéologiques pour le premier, et du secrétariat du parti pour la seconde.

Interrogé à la radio,  M. Danon, que certains commentateurs présentent comme un successeur possible de M. Nétanyahou, a assuré qu'il n'avait pas cette ambition tout en ne cachant pas ses désaccords avec ce dernier.

«Le premier ministre n'a pas de rival au sein du Likoud, mais il est légitime d'avoir des divergences de principes et idéologiques», a affirmé M. Danon. «Nombreux sont ceux qui pensent comme moi à propos de l'idée de deux États», israélien et palestinien.

Début juin, il avait ouvertement défié M. Nétanyahou, en affirmant qu'«il n'y a jamais eu au gouvernement de débat, résolution ou vote sur une solution à deux États».

Si cette solution était mise au vote, «la majorité des ministres du Likoud s'exprimerait contre, tout comme le Foyer Juif», le parti nationaliste religieux dirigé par le ministre de l'Économie Naftali Bennett, avait-il dit.

Zeev Elkin, tout en exprimant ses doutes sur la possibilité de parvenir à un quelconque accord avec les Palestiniens, a aussi prévenu qu'un feu vert de M. Nétanyahou à la création d'un État palestinien ne manquerait pas de provoquer une «profonde fissure au Likoud», une claire allusion à une possible scission.

Mais si M. Nétanyahou parvenait malgré tout à s'entendre avec le président palestinien Mahmoud Abbas, «il devra obtenir la confiance du parti et du peuple lors d'élections ou d'un référendum», a prévenu M. Danon.

Le premier ministre a réitéré dimanche sa promesse de référendum en cas d'accord avec les Palestiniens, au moment où M. Kerry peine à convaincre les protagonistes de reprendre les négociations de paix bloquées depuis trois ans.

M. Danon a néanmoins exclu la possibilité que M. Nétanyahou provoque une implosion du Likoud. «Certains espèrent que Nétanyahou fera le travail de la gauche, mais ce rêve ne se réalisera pas».

La plus modérée des ministres, Tzipi Livni, chargée des négociations avec les Palestiniens, a récemment dénoncé la montée en force des durs de la droite au Likoud. «Le premier ministre doit décider s'il laisse le «danonisme» (en référence à M. Danon) dominer le gouvernement», a-t-elle averti.

Selon les médias, cette fronde «anti-Bibi» (le surnom du premier ministre) est également l'une des conséquences des résultats très décevants des législatives de janvier.

M. Nétanyahou avait alors imposé une fusion des listes du Likoud et d'Israël Beiteinou, le parti nationaliste d'Avigdor Lieberman, mais cette liste n'avait obtenu que 31 mandats sur 120, contre 42 dans la précédente législature.