Le secrétaire d'État américain John Kerry a achevé dimanche une mission marathon au Proche-Orient en revendiquant des «progrès» dans le processus de paix, mais sans accord sur la relance des négociations suspendues depuis trois ans.

«Je suis heureux de vous dire que nous avons fait un progrès réel pendant cette visite», a assuré M. Kerry, s'efforçant de faire bonne figure lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Tel Aviv après quatre jours de navettes entre Israéliens et Palestiniens pour tenter d'arracher une reprise des pourparlers. Il s'est envolé pour Brunei où il doit assister lundi à une réunion des ministres des Affaires étrangères de pays asiatiques.

«Je crois qu'avec un peu plus de travail, le début des négociations sur le statut final pourrait être à notre portée», a-t-il estimé à la fin de sa cinquième visite dans la région depuis son entrée en fonction en février.

«Nous avons commencé avec de profondes divergences et nous les avons comblées considérablement», s'est félicité le chef de la diplomatie américaine, sans toutefois divulguer la teneur de ses discussions avec les dirigeants israéliens et palestiniens.

M. Kerry, «prudemment optimiste», n'a pas dit quand il reviendrait dans la région, mais il a précisé qu'il avait laissé «plusieurs membres de son personnel» derrière lui «pour continuer à travailler pendant la semaine à venir».

«Nous n'allons pas rester coincés avec des échéances artificielles. Ce serait une grosse erreur», a-t-il souligné en ajoutant qu'il aurait prolongé son séjour s'il n'avait pas dû se rendre au Brunei pour rencontrer notamment son homologue russe Sergueï Lavrov sur la Syrie.

Selon des sources palestiniennes et la 2e chaîne de télévision israélienne, le secrétaire d'État devrait être de retour «dans quelques jours».

Selon les Palestiniens, «il n'y a pas eu de percée». «Il existe encore un fossé entre les positions palestiniennes et israéliennes», a estimé le négociateur en chef Saëb Erakat à l'issue d'une rencontre «positive» à Ramallah (Cisjordanie) entre M. Kerry et le président Mahmoud Abbas, la troisième en 72 heures.

Le chef de la diplomatie américaine s'était auparavant entretenu jusqu'à quatre heures du matin avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou dans un grand hôtel de Jérusalem-Ouest. Il aura passé au total la bagatelle de vingt heures à discuter avec MM. Nétanyahou et Abbas depuis son arrivée jeudi dernier.

Rien de substantiel n'a filtré, mais à l'ouverture du conseil des ministres, M. Nétanyahou a de nouveau insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité d'Israël en cas d'accord de paix avec les Palestiniens, qui de toute façon sera soumis à un référendum populaire.

Frontières, colonisation et prisonniers

«Kerry a la volonté de faire tout le travail nécessaire pour faire avancer ce processus de façon significative», a souligné samedi soir un responsable américain sous couvert de l'anonymat.

Mais selon la radio militaire israélienne, le secrétaire d'État n'est pas parvenu à obtenir le moindre engagement des deux camps à revenir à la table des négociations.

Les Palestiniens partageaient le même pessimisme. Selon un haut responsable du Fatah, le parti de M. Abbas, «Nétanyahou et son gouvernement ne sont pas sérieux quant à l'établissement d'un État palestinien dans les frontières de 1967».

«Sans même considérer la question des prisonniers, Israël n'a fourni aucune réponse claire», a affirmé Azzam al-Ahmad à la radio officielle La Voix de la Palestine.

Pour reprendre les pourparlers, la direction palestinienne réclame un gel total de la colonisation et une référence explicite aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base des discussions.

Mahmoud Abbas a également demandé la libération des prisonniers palestiniens les plus anciens détenus par Israël - un des dossiers cruciaux discutés avec M. Kerry, susceptible de débloquer l'impasse - mais sans obtenir satisfaction jusqu'à maintenant.

M. Nétanyahou rejette catégoriquement de telles «conditions préalables», assurant en revanche qu'il est disposé à négocier à tout moment.

Palestiniens et Israéliens ne se sont pas rencontrés officiellement pour négocier depuis septembre 2010, quand ces pourparlers avaient très rapidement achoppé sur le contentieux de la colonisation.