Le président modéré élu iranien Hassan Rohani a déclaré samedi que son élection ouvrait la voie à une entente «constructive» avec la communauté internationale, mais il a continué de défendre les droits de son pays en matière nucléaire.

Dans son premier discours télévisé qui tranche avec les déclarations intempestives du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, M. Rohani a en outre prôné une plus grande liberté sur le plan intérieur.

«La modération ne signifie pas en politique étrangère ni reddition ni querelle. Elle signifie une entente constructive avec le monde», a-t-il dit.

Ce dialogue doit être cependant «mené sur la base de l'égalité et du respect mutuels», et tenir compte «de tous les droits de la nation (notamment en matière nucléaire) (...) en suivant les directives du guide suprême» l'ayatollah Ali Khamenei, le numéro un du régime islamique, selon lui.

La question nucléaire est le principal dossier du prochain gouvernement alors que les négociations entre l'Iran et les grandes puissances pour une suspension de l'enrichissement d'uranium sont dans l'impasse.

L'Iran, accusé malgré ses démentis par l'Occident et Israël de chercher à fabriquer l'arme atomique, est frappé de lourdes sanctions internationales qui ont provoqué une grave crise économique -inflation officielle de plus de 32% et chute de la valeur de la monnaie nationale.

M. Rohani, qui doit prendre ses fonctions le 3 août, avait lors de sa première conférence de presse le 17 juin, choisi d'adopter le ton de la conciliation avec l'Occident, mais avait, comme son prédécesseur, exclu tout arrêt de l'enrichissement d'uranium.

Soutenu par le camp réformateur, ce religieux modéré a été élu le 14 juin avec 50,7% des voix à la surprise générale, porté par la mobilisation des jeunes, mais aussi des classes populaires touchées particulièrement par la crise économique.

«Le message des électeurs est un message de paix et de réconciliation, un message de cohésion nationale et de refus de la violence et de l'extrémisme», a dit M. Rohani. «Les Iraniens ont voulu dire qu'ils voulaient le changement (...) Le prochain gouvernement est engagé par le chemin choisi qui est celui de la modération».

Saluant la forte participation des électeurs (plus de 72%), il a affirmé que «la mobilisation de la population enthousiaste et des jeunes avait changé le visage du pays dans le monde. (L'élection) a mis un terme à toutes les ambiguïtés et toutes les questions sur la légitimité du régime» islamique.

M. Rohani a assuré que «le prochain gouvernement ne sera pas partisan, il n'est redevable à aucun parti et tendance politique. Il utilisera les personnalités les plus compétentes de toute tendance politique à condition qu'elles soient modérées».

Il a aussi défendu plus de liberté sur le plan intérieur, surtout chez les jeunes.

«Il ne faut pas imposer trop de restrictions. Notre peuple est de lui-même respectueux de la morale et des règles politiques et islamiques,» et en cas de manquement «il suffit de donner un conseil amical», a-t-il dit, en évoquant les manifestations de joie qui ont suivi l'annonce de sa victoire.

Des dizaines de milliers d'Iraniens étaient descendus dans la rue pour fêter son élection dès le premier tour dans une ambiance bon enfant, sans que la police n'intervienne.

Enfin, s'adressant aux responsables de la télévision d'État - la loi interdit les télévisions privées en Iran-, il a affirmé que l'époque des «monologues était terminée».

«Un régime qui a ses racines dans le soutien populaire et trouve sa légitimité dans le vote des électeurs n'a pas peur des médias libres et responsables», a-t-il dit.

«Vous ne pouvez pas dénoncer une injustice lorsqu'elle est commise chez l'ennemi et la minimiser lorsqu'elle se produit dans un pays ami. Les droits de l'Homme sont identiques partout qu'on les qualifie d'islamiques ou par d'autres adjectifs», a-t-il lancé.