Le chef du gouvernement de l'Autorité palestinienne Rami Hamdallah a présenté jeudi sa démission, moins de trois semaines après sa nomination, frustré de devoir partager ses pouvoirs avec les deux vice-premiers ministres imposés par le président Mahmoud Abbas.

M. Abbas n'a pas indiqué s'il acceptait la démission de M. Hamdallah, un universitaire nommé le 2 juin pour succéder à Salam Fayyad, économiste plébiscité par la communauté internationale, mais son porte-parole Nabil Abou Roudeina a annoncé dans un communiqué qu'il avait «reçu la lettre de démission du premier ministre Rami Hamdallah et allait l'examiner».

Après avoir remis sa démission, M. Hamdallah a quitté Ramallah, siège des institutions palestiniennes en Cisjordanie, pour rentrer chez lui à Tulkarem (nord), où sont allés le rencontrer dans la soirée le secrétaire général de la présidence Tayeb Abdelrahim, le chef des renseignements Majed Faraj et le directeur de cabinet de M. Abbas, selon des proches du premier ministre démissionnaire.

Il a refusé de revenir sur sa décision, mais a consenti à revenir vendredi soir à Ramallah pour une réunion avec le président Abbas afin d'en discuter avec lui, a-t-on ajouté sous le couvert de l'anonymat.

M. Hamdallah a présenté sa démission en raison de l'empiètement sur ses prérogatives de ses deux vice-premiers ministres, le député Ziad Abou Amr et Mohammad Moustapha, président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique du président, en charge des questions économiques, selon les mêmes sources.

«M. Hamdallah a remis sa lettre de démission au président à la suite de divergences avec ses deux vice-premiers ministres», avait auparavant affirmé à l'AFP une source gouvernementale.

Il a pris cette décision «en raison de mésententes au sujet des prérogatives», a confirmé une source au bureau du premier ministre démissionnaire.

Contrairement à son prédécesseur Salam Fayyad, M. Hamdallah était encadré au sein du gouvernement, qui a prêté serment le 6 juin, par deux vice-premiers ministres.

C'est d'ailleurs M. Moustapha qui avait tenu la première conférence de presse à l'issue du premier Conseil des ministres, le 11 juin, insistant sur la nécessité d'assainir les finances de l'Autorité palestinienne, endettée à hauteur d'environ 4,3 milliards de dollars.

Gouvernement transitoire

M. Hamdallah s'est rendu le 16 juin à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël. Il avait alors refusé toute escorte des forces israéliennes.

Dès sa nomination, il avait dit vouloir rapidement s'effacer en faveur d'un gouvernement d'union nationale, en vertu des accords de réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas.

Lors d'une réunion au Caire le 14 mai, le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, s'étaient donné trois mois pour appliquer enfin les principales clauses de leurs accords de réconciliation, dont les échéances sont constamment reportées depuis plus de deux ans.

Ces accords signés au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012) prévoient que les gouvernements rivaux cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections dans un délai de trois mois.

«Il aurait mieux valu que ce gouvernement soit un gouvernement d'union nationale, mais nous n'y sommes pas parvenus, faute d'accord du Hamas sur la tenue d'élections jusqu'à présent», avait déclaré Mahmoud Abbas après la prestation de serment. La plupart des ministres appartenaient au gouvernement sortant.

Une majorité absolue de Palestiniens (59%) approuve la nomination de Rami Hamdallah pour succéder à Salam Fayyad, dont deux tiers de l'opinion soutient le départ, selon un sondage publié lundi.

Âgé de 54 ans et président depuis 1998 de l'Université Al-Najah de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, M. Hamdallah est également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.

Proche du Fatah et membre du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, il est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.