Les Irakiens ont élu jeudi, sous haute surveillance, leurs conseillers provinciaux à Ninive et Al-Anbar, des régions à majorité sunnite, mais le scrutin a été terni par la mort de deux policiers par des tirs d'obus sur des bureaux de vote.

Cinq tirs d'obus de mortier ont touché trois bureaux de vote à Ramadi dans la province d'Al-Anbar (ouest) tuant deux policiers et blessant trois autres, ont affirmé des responsables.

À la clôture des bureaux de vote à 17 h (10h00 heure deMontréal), des responsables ont assuré qu'aucune violence n'avait été signalée au cours du scrutin dans la province de Ninive (nord).

Les élections provinciales s'étaient tenues le 20 avril dans la majorité des provinces irakiennes, mais le scrutin avait été reporté, pour des raisons de sécurité, à Ninive et Al-Anbar où se déroulent depuis des mois des manifestations contre le premier ministre chiite, Nouri al-Maliki.

Les résultats de ces élections serviront de baromètre pour la popularité de M. Maliki, accusé par la communauté sunnite d'accaparer le pouvoir, alors que des élections législatives sont prévues en 2014.

En Irak, où l'eau courante et l'électricité font défaut dans certains foyers, des électeurs ont pris le vote de jeudi comme une occasion d'exprimer leurs frustrations devant les lacunes du gouvernement.

«Je suis venu au bureau de vote, pas pour voter, mais juste pour détruire mon bulletin», a ainsi lancé un étudiant de Mossoul, capitale de la province de Ninive.

«J'ai vu que les étudiants diplômés avant moi n'ont rien obtenu du gouvernement et maintenant c'est la même chose pour moi et mes camarades», a regretté le jeune homme.

D'importantes mesures de sécurité ont été mises en place pour ce scrutin dans ces deux provinces où neuf candidats ont été tués lors des semaines avant le vote, selon l'ONU.

Dans la province de Ninive, par exemple, le trafic automobile a été interdit.

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Le chef d'un parti politique allié à Nouri al-Maliki et quatre membres de sa famille ont été tués mercredi dans un attentat suicide, selon des responsables des services de sécurité et de santé.

Aucun groupe n'a revendiqué cette attaque, mais des activistes sunnites liés à Al-Qaïda ont cherché à intimider les candidats au scrutin.

L'Irak connaît depuis le début de l'année un regain de violences, coïncidant avec la mobilisation sunnite contre le gouvernement.

En mai, plus d'un millier de personnes ont péri dans des attentats, le mois le plus meurtrier depuis 2008, selon les Nations unies.

Son représentant dans le pays Martin Kobler a prévenu que l'Irak était «prêt à exploser» et à renouer avec le conflit confessionnel des années 2006-2007.

Début juin, M. Maliki et la plupart des responsables politiques et religieux du pays, dont son rival le président sunnite du Parlement Oussama al-Noujaïfi, avaient participé à une grande rencontre pour tenter d'apaiser les tensions. Mais la démarche n'avait pas débouché sur un accord.

Quelque 2,8 millions d'électeurs des provinces de Ninive et Al-Anbar étaient appelés jeudi à choisir parmi 1185 candidats de 44 partis politiques.