Les pays occidentaux ont formulé l'espoir au cours du week-end que le nouveau président iranien Hassan Rohani réponde aux attentes de la communauté internationale concernant le dossier nucléaire et la Syrie, tandis qu'Israël a appelé à maintenir la pression sur l'Iran.

À l'étranger, Damas, allié stratégique de Téhéran qui entretenait d'étroites relations avec le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, a dit souhaiter développer ces liens avec le nouveau chef de l'État iranien.

«La Syrie souhaite développer davantage les relations avec la nouvelle direction iranienne», a déclaré le premier ministre syrien Waël al-Halaqi en recevant à Damas une délégation de hauts responsables économiques iraniens.

La Russie, autre allié de l'Iran notamment sur la Syrie, a appelé Téhéran à resserrer ses liens avec Moscou.

Au Liban, le Hezbollah chiite, puissante formation soutenue par Téhéran, a estimé que le successeur de Mahmoud Ahmadinejad était «porteur d'espoir».

Ailleurs dans la région, plusieurs monarchies arabes du Golfe ont dit espérer une amélioration de leurs relations, actuellement tendues, avec la République islamique.

Israël a au contraire exhorté la communauté internationale à maintenir la pression sur l'Iran pour l'obliger à cesser ses activités nucléaires.

L'Australie a pour sa part appelé M. Rohani à reprendre les négociations avec les grandes puissances sur le nucléaire «d'une manière sérieuse».

«Rohani ne peut changer le coeur de la stratégie nucléaire de l'Iran, qui est déterminée par le guide suprême (Ali Khamenei), mais il peut changer le ton et l'équipe» de négociateurs, explique à l'AFP Ali Vaez, expert basé à Bruxelles pour le centre de réflexion International Crisis Group.

«En adoptant une rhétorique plus conciliante et en engageant des négociateurs plus expérimentés, il pourrait avoir un impact positif» sur des discussions qui sont dans l'impasse depuis plusieurs mois, ajoute-t-il.

Des sanctions ont été imposées pour contraindre l'Iran, accusé malgré ses démentis de vouloir se doter de l'arme atomique, à cesser ses activités sensibles. Elles se sont traduites par une hausse du chômage, une inflation supérieure à 30 % et une dépréciation du rial de près de 70 %.

Le président élu a prôné une politique plus souple face aux grandes puissances afin d'alléger les sanctions, tout en demandant que les pays occidentaux «reconnaissent les droits de la République islamique» dans les discussions sur le nucléaire.

Les États-Unis se dont dits «prêts à collaborer directement» avec Téhéran, mais cette question, comme tous les dossiers stratégiques, est sous l'autorité directe de l'ayatollah Khamenei.

Une détente avec les pays occidentaux permettrait à l'Iran de redorer son image, ternie par la répression du mouvement de contestation en 2009 et les déclarations intempestives de Mahmoud Ahmadinejad.

M. Ahmadinejad, qui avait notamment remis en cause l'existence de l'Holocauste, «était le visage de l'Iran dans le monde. Cette image va changer. Ce sera désormais celui d'un homme posé, calme, soigné avec un discours modéré», estime un expert iranien ayant requis l'anonymat.

Dimanche, la presse réformatrice jubilait. «Le soleil de la modération s'est levé», annonçait le quotidien réformateur Arman quand Etemad évoquait «le salut de l'Iran au cheikh de l'espoir».

Les médias spéculaient déjà sur la composition de son gouvernement, alors que le nouveau président prendra ses fonctions le 3 août. M. Rohani a rencontré samedi soir le président du Parlement Ali Larijani pour discuter de la composition de son cabinet, qui doit être approuvé par les députés, a indiqué le site du Parlement.

M. Rohani doit tenir une conférence de presse lundi à 16 h (7 h 30 au Québec), ont indiqué les médias.

M. Rohani, un religieux modéré âgé de 64 ans, a créé la surprise samedi en remportant dès le premier tour la présidentielle avec 50,68 % des voix. Cette victoire marque le retour des modérés et réformateurs au gouvernement après une longue traversée du désert, débutée à la suite des manifestations contre la réélection de M. Ahmadinejad en juin 2009, sévèrement réprimées par le pouvoir.

Ancien négociateur en chef du dossier nucléaire entre 2003 et 2005, il a bénéficié de l'union des camps modéré et réformateur et d'une importante mobilisation des électeurs, le taux de participation ayant atteint 72,7 %.

Après les scènes de joie dans les rues de Téhéran samedi soir, les Iraniens sont retournés au travail et le match de football mardi contre la Corée du Sud, qui en cas de victoire verrait l'Iran qualifié pour le Mondial-2014 au Brésil, concurrençait les élections dans les discussions.