Des opposants iraniens sont morts et d'autres ont été blessés samedi dans l'attaque d'un camp irakien hébergeant des Moudjahidine du peuple, un groupe d'opposition iranien, dont les représentants reprochent à l'ONU de ne pas les avoir suffisamment protégés.

«Il y a eu une attaque meurtrière (...). Nous n'avons pas les chiffres, mais il y a eu des morts et des blessés», a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'ONU, Eliana Nabaa.

Le bilan et l'origine de cette attaque qui s'est déroulée en pleine élection présidentielle iranienne demeuraient incertains samedi soir.

Un colonel de police irakien a fait état de trois morts et 11 blessés, le porte-parole des Moudjahidine du peuple dans le camp évoquant deux victimes et à Paris un porte-parole du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) a recensé deux morts et 27 bllessés.

Près de 3000 opposants iraniens vivent dans le camp Liberty, une ancienne base de l'armée américaine située près de Bagdad et déjà ciblée par une attaque meurtrière en février.

«Cette violence tragique a eu lieu en dépit de nos appels répétés au gouvernement irakien pour fournir au camp Liberty et à ses résidents des mesures de protection», a déploré Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak.

M. Kobler assure avoir demandé aux Irakiens la construction de murs en béton pour protéger le camp des explosions.

«Aucun des agents de Martin Kobler n'était présent sur place et leur absence en ce moment tragique soulève des questions», ont rétorqué dans un communiqué les membres de l'opposition iranienne réunis au sein du CNRI.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a aussi condamné «fermement l'attaque aux tirs de mortiers», dans un communiqué publié à Genève.

Chassés d'Iran dans les années 1980 et accueillis en Irak par l'ex-président Saddam Hussein, les Moudjahidine du peuple doivent prochainement quitter le pays en vertu d'un accord entre l'ONU et Bagdad.

Liberty où ils ont été déplacés fin 2012 doit être leur ultime étape avant un départ d'Irak.

Après une attaque en février (huit morts), les Moudjahidine du peuple reprochent à l'ONU de les avoir délogés de leur ancienne base du camp Achraf, proche de la frontière iranienne où ils se sentaient plus en sécurité.

Le CNRI a dénoncé samedi les «promesses mensongères de sécurité et de transfert rapide» qui ont permis à l'ONU de convaincre les opposants iraniens de se rendre dans «la prison de Liberty».

Lors du dernier départ en date, 14 résidents de Liberty sont partis en mai pour l'Albanie, qui a accepté d'accueillir à terme plus de 200 Moudjahidine du peuple.

«Cette seconde attaque terroriste sur le camp Liberty rappelle aux pays tiers qu'ils doivent présenter des offres sérieuses pour accueillir les résidents du camp Liberty à l'extérieur de l'Irak», a affirmé M. Kobler après l'attaque.

Cet appel a été relayé par le HCR qui demande à tous les pays de trouver «des solutions urgentes pour les résidents du camp Liberty».