Les rebelles talibans ont attaqué mardi un des symboles du gouvernement afghan en perpétrant un attentat-suicide qui a fait au moins 15 morts et 40 blessés devant la Cour Suprême à Kaboul, selon les autorités, au lendemain d'une attaque contre l'aéroport de la ville.

Le kamikaze a fait exploser son véhicule contre un bus où se trouvaient nombre d'employés de la Cour vers 16 h 30 locales (8 h à Montréal), à l'heure de pointe de sortie des bureaux, selon Mohammad Zahir, chef du service des enquêtes criminelles du ministère afghan de l'Intérieur.

«Nous avons 15 morts et 40 blessés. La plupart des victimes sont des employés de la Cour. Toutes les victimes sont des civils, parmi lesquels au moins deux femmes», a ajouté M. Zahir sur les lieux de l'attentat.

Sur place, des blessés couverts de sang étaient évacués par d'autres civils, sur des brancards ou portés sur le dos vers les ambulances, au milieu des débris humains et de véhicules aux vitres éventrées.

L'attentat a été revendiqué par les rebelles talibans. «L'attaque d'aujourd'hui est un avertissement» à destination des juges, ont expliqué les rebelles, qui rejettent tout système judiciaire inspiré des systèmes occidentaux et ne jurent que par les tribunaux islamiques.

«Les combattants de l'islam ne toléreront pas qu'ils continuent de tyranniser et d'intimider nos compatriotes par leurs décisions, et les condamneront à mort», ajoute le texte.

Kaboul est régulièrement frappée par des attentats-suicides, l'une des armes de prédilection des talibans qui luttent depuis plus de dix ans contre le gouvernement de Kaboul et son alliée de la force de l'OTAN.

L'attentat contre la Cour suprême intervient au lendemain d'une autre attaque dans la capitale afghane, perpétrée lundi à l'aube par un commando de sept rebelles talibans dans le quartier de l'aéroport civil et militaire, où se trouve une importante base de la force de l'OTAN alliée au gouvernement de Kaboul.

Les assaillants s'étaient réfugiés dans un immeuble, d'où ils tiraient sur l'aéroport, avant d'être tués par les forces de sécurité locales soutenues par l'OTAN, selon la police qui n'a pas fait état d'autres victimes.

L'attaque avait elle aussi été revendiquée par les talibans, qui avaient affirmé pour leur part que leurs combattants avaient tué un grand nombre de soldats afghans et de l'OTAN.

Les talibans, très infiltrés dans les provinces qui entourent Kaboul, ne sont pas en mesure de reprendre militairement la capitale tant qu'elle est protégée par les Occidentaux, mais veulent montrer par ces attaques spectaculaires qu'ils peuvent frapper n'importe où et paralyser momentanément son activité.

La dernière attaque à Kaboul avant celle de lundi à l'aéroport remontait au 24 mai. Elle avait provoqué sept heures d'affrontements armés dans le centre de la capitale. Sept personnes avaient été tuées, dont les quatre assaillants insurgés.

La capacité des forces afghanes à neutraliser les attaques rebelles est jugée cruciale pour la stabilité future du gouvernement afghan, notamment après la fin 2014, date prévue du retrait de la majeure partie des quelque 100 000 soldats de l'OTAN qui soutiennent son fragile pouvoir.

La police et l'armée sont entraînées par la coalition internationale, mais beaucoup doutent de leur capacité à imposer la paix à long terme et sans les Occidentaux dans un pays ravagé par plus de 30 ans de guerre, dont plus de 12 années entre les talibans, chassés du pouvoir à la fin 2001 par une force internationale menée par les États-Unis, et le gouvernement de Kaboul et l'OTAN.