Le président palestinien Mahmoud Abbas a chargé dimanche le président de l'Université de Naplouse, en Cisjordanie, Rami Hamdallah, de former le nouveau gouvernement, dont la composition devrait rester largement inchangée.

«Le président Abbas m'a chargé de former un nouveau gouvernement et j'ai accepté», a déclaré à l'AFP M. Hamdallah, 54 ans, président de l'Université Al-Najah à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après avoir été reçu en début de soirée par M. Abbas au siège de la présidence de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie.

Auparavant, une source officielle palestinienne avait indiqué à l'AFP que M. Abbas avait confié à l'universitaire la tâche de succéder au premier ministre Salam Fayyad, au dernier jour du délai légal de cinq semaines. M. Fayyad expédiait les affaires courantes depuis sa démission le 13 avril, à la suite d'un désaccord avec le président sur la démission en mars du ministre des Finances Nabil Qassis.

Mais le conflit entre M. Abbas et M. Fayyad, un économiste indépendant très apprécié par la communauté internationale, remontait à septembre, quand la contestation provoquée par la politique budgétaire du premier ministre a commencé à monter, pour s'aggraver avec des manifestations réclamant son départ, soutenues par des dirigeants du Fatah, le mouvement de M. Abbas, selon des sources politiques.

«Le gouvernement sera formé dans les prochains jours. La plupart des ministres du gouvernement sortant resteront et je ferai venir un nouveau ministre des Finances», a annoncé M. Hamdallah, également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.

Rami Hamdallah, membre du Fatah et du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.

Il est né à Anabta, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

En avril, le secrétaire d'État américain John Kerry avait déploré la démission de M. Fayyad mais s'était dit «persuadé que (le président) Abbas saurait trouver la personne qui fera l'affaire».

Dans sa dernière adresse radiophonique hebdomadaire en tant que premier ministre, le 17 avril, M. Fayyad avait appelé à des élections pour «reconstruire le système politique palestinien», estimant qu'il ne pourrait y avoir «d'État de Palestine sans que la bande de Gaza en fasse partie intégrante».

L'agence officielle WAFA a confirmé que le président Abbas avait chargé Rami Hamdallah de constituer le nouveau gouvernement et réaffirmé «son engagement aux accords de réconciliation signés au Caire et à Doha, et à l'application du calendrier convenu au Caire».

Le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, avaient salué la démission de M. Fayyad comme une occasion d'appliquer leurs accords de réconciliation du Caire (avril/mai 2011) et de Doha (février 2012), mais ces espoirs ont fait long feu.

Ces accords prévoient que les gouvernements rivaux de M. Fayyad et du premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections. Mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.

Lors d'une nouvelle réunion au Caire le 14 mai, Fatah et Hamas se sont donné trois mois pour former un gouvernement d'union nationale et convoquer des élections simultanées.