Au moins 32 personnes ont été tuées dans une série d'attaques et attentats à la voiture piégée jeudi en Irak, où les violences ont fait plus de 600 morts depuis début mai.

Alors que les derniers mois ont connu une recrudescence nette des violences sur fond de grave crise politique, l'ONU a appelé les dirigeants irakiens à se réunir au plus vite pour résoudre leurs divergences, mettant en garde contre une «explosion» de la situation.

Face à la flambée de violence, le gouvernement a décidé mardi d'«agir contre toutes les milices qui commettent des actes hors la loi» et appelé à une réunion «des forces politiques qui doivent assumer leur responsabilité».

«Je suis sérieusement inquiet», a déclaré jeudi à l'AFP l'émissaire spécial de l'ONU en Irak, Martin Kobler, joint par téléphone à Berlin.

«Cela peut s'aggraver», a-t-il averti, en soulignant la nécessité d'un accord politique pour sortir de l'impasse actuelle.

«La violence systématique est prête à exploser à tout moment si tous les dirigeants irakiens ne s'engagent pas immédiatement à sortir le pays» de cette situation, a-t-il déclaré plus tard dans un communiqué

Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a aussi jugé nécessaire un accord. Il est «de la responsabilité du gouvernement de redoubler d'efforts et d'empêcher que (l'escalade) ne dégénère en guerre confessionnelle» entre sunnites et chiites.

Jeudi, six voitures piégées ont explosé et deux autres attentats ont secoué Bagdad, tuant 23 personnes et blessant au moins 79, selon des responsables des services médicaux et de sécurité.

Deux membres de la police des frontières ont également été tués par balles dans une embuscade le long de la principale autoroute entre l'Irak et la Jordanie.

À Mossoul (nord), trois policiers ont péri dans un attentat suicide à la voiture piégée et quatre autres personnes ont trouvé la mort dans une attaque similaire dans un autre secteur de la ville.

Mercredi, les violences avaient fait 28 morts, dont 16 personnes tuées dans un attentat visant une cérémonie de mariage.

Depuis début mai, au moins 607 personnes ont été tuées et plus de 1000 blessées dans les violences, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données fournies par des sources de sécurité et médicales.

L'Irak connaît depuis le début de l'année une spirale de violences coïncidant avec une mobilisation de la minorité sunnite pour dénoncer sa marginalisation par le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki, accusé par ses détracteurs d'accaparer le pouvoir.

Manifestations et violences ont fait craindre une résurgence du conflit confessionnel qui a déchiré le pays après l'invasion américaine, même si on reste bien en deçà du pic atteint en 2006-2007, où plus d'un millier de personnes mouraient chaque mois.

Au quotidien, les sunnites estiment que cette stigmatisation s'exprime en particulier dans l'utilisation systématique de l'arsenal législatif antiterroriste à leur encontre. Et pour des analystes, ce mécontentement alimente les violences.

Le gouvernement a certes lâché du lest face à la contestation sunnite en libérant des prisonniers et en augmentant le salaire des milices sunnites anti-Qaïda, mais il ne s'est pas attaqué aux racines sociales de la frustration.