Le secrétaire d'État américain John Kerry a exhorté vendredi Israéliens et Palestiniens à «prendre des décisions difficiles» pour revenir aux négociations, au terme de sa quatrième visite dans la région depuis sa prise de fonctions.

«Nous nous approchons du moment où des décisions difficiles doivent être prises», a déclaré M. Kerry après avoir rencontré les dirigeants israéliens et palestiniens au cours des deux derniers jours.

«Il est clair que le statu quo n'est pas tenable à long terme (...). Au final, il faudra que les deux parties fassent preuve de leadership» pour parvenir à la paix, a plaidé le chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Tel-Aviv juste avant son départ.

M. Kerry a rappelé que le président américain Barack Obama avait «clairement dit» lors de son voyage en mars dans la région qu'il allait «donner une certaine période de temps, de quelques mois» aux Israéliens et Palestiniens avant de déterminer s'ils sont «sérieux dans leur désir de revenir à la table des négociations».

«Ce n'est que par des négociations directes que les Israéliens et les Palestiniens peuvent traiter les questions liées au statut final (la création d'un État palestinien, NDLR) et parvenir à la paix qu'ils méritent», a répété le secrétaire d'État.

Un responsable gouvernemental israélien, se félicitant des déclarations de M. Kerry, a affirmé à l'AFP que les discussions avaient été «constructives».

Le premier ministre israélien Benyamin «Nétanyahou a remercié le secrétaire d'État pour ses efforts en vue de relancer des négociations qu'Israël est prêt à reprendre immédiatement», a souligné ce responsable.

Interrogé sur la politique de colonisation israélienne, M. Kerry a critiqué le projet du gouvernement de régulariser quatre implantations sauvages de Cisjordanie qu'il s'était engagé à démanteler, tout en estimant que cela ne devait pas empêcher une reprise des négociations gelées depuis près de 3 ans.

Côté israélien, M. Kerry a rencontré M. Nétanyahou à deux reprises, ainsi que le président Shimon Peres et la ministre de la Justice, chargée du dossier palestinien, Tzipi Livni. Côté palestinien, il s'est entretenu avec le président Mahmoud Abbas, son équipe de négociateurs et le premier ministre démissionnaire Salam Fayyad.

«Je connais suffisamment cette région pour savoir qu'il y a du scepticisme et dans certains cas du cynisme (...). Il y a eu des années d'amertume et de déception», a-t-il reconnu jeudi.

«Mais nous espérons qu'en étant méthodiques, prudents, patients, précis et tenaces, nous pourrons avancer», a-t-il ajouté.

Le général américain John Allen, ancien chef de la coalition internationale en Afghanistan et désormais conseiller spécial au Moyen-Orient du secrétaire à la Défense, est «ici sur le terrain pour travailler avec ses homologues sur les questions de sécurité», a annoncé M. Kerry.

La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations un gel total de la colonisation israélienne. M. Nétanyahou rejette toute «condition préalable» aux pourparlers, mais a récemment suspendu les appels d'offres pour la construction de logements dans les colonies.

De son côté, la direction palestinienne a suspendu toute démarche pour adhérer à des organisations internationales, y compris les instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, comme le nouveau statut d'État observateur de la Palestine à l'ONU lui en donne désormais le droit, le temps pour M. Kerry de parvenir à des résultats, M. Abbas ayant consenti à patienter jusqu'au 7 juin.

John Kerry retrouvera M. Abbas et le chef de l'État israélien Shimon Peres lors du Forum économique mondial (WEF) qui se tiendra du 24 au 26 mai en Jordanie. Le roi Abdallah II de Jordanie a été également convié à ce forum. Toutefois, aucune rencontre entre les quatre hommes n'est prévue.