Le centre de Kaboul a été frappé vendredi par une attaque sans précédent depuis un an de la part des insurgés talibans qui ont fait exploser une voiture piégée avant de se retrancher, les armes à la main, dans le bâtiment d'une organisation internationale.

Après une attaque-suicide à la voiture piégée, un petit groupe d'insurgés a pu pénétrer dans le complexe pourtant protégé de l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM), causant la mort d'au moins un policier afghan, selon les autorités afghanes qui affirment avoir abattu «quatre assaillants».

«Les forces de sécurité sont parvenues à entrer dans le bâtiment» où étaient retranchés les tireurs au terme de cinq heures d'affrontements armés, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Seddiq Seddiqi, ajoutant que la police était en train de fouiller l'endroit à la recherche d'autres insurgés.

Une employée italienne de l'OIM a été grièvement blessée et trois gardes de sécurité népalais ont été légèrement touchés par des tirs de grenades, selon un porte-parole à Genève de l'OIM, Chris Lom.

Le chef de la police de Kaboul, Ayob Salangi, a assuré que «tous les étrangers avaient été évacués» de la zone investie par les forces afghanes, qui étaient épaulées - selon un photographe de l'AFP sur place - par des militaires norvégiens.

Un porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a revendiqué cette «attaque coordonnée» qui visait, selon lui, un gîte «pour étrangers, notamment pour des employés de la CIA», les services de renseignement américains.

«Un de nos hommes a effectué une attaque martyre à l'aide d'une voiture puis un groupe de moudjahidines munis d'armes lourdes et légères a pris position dans un édifice et tire sur un bâtiment où des étrangers et des membres des services secrets résident», a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

L'an dernier, à peu près à la même période, les talibans avaient mené une attaque coordonnée de grande ampleur à Kaboul, ayant recours à des attentats-suicides simultanés puis à des affrontements armés qui avaient duré 17 heures, faisant au total 51 morts, dont 36 assaillants.

Le propriétaire d'une échoppe dans le quartier, Jawed Kazem, a raconté à l'AFP avoir entendu une «très forte explosion près du quartier général de la Force afghane de protection publique». «Quelques minutes plus tard, il y a eu une autre explosion. J'ai vu une colonne de fumée puis entendu une fusillade», a-t-il dit.

Depuis le début du mois et de leur «offensive du printemps», les talibans ont multiplié les attaques meurtrières à travers l'Afghanistan.

Il y a une semaine, quinze personnes, dont cinq Américains et neuf civils afghans, avaient été tuées à Kaboul dans un attentat-suicide à la voiture piégée qui visait un convoi de l'OTAN.

Le mouvement insurgé Hezb-e-islami de l'ancien premier ministre et seigneur de guerre Gulbuddin Hekmatyar avait revendiqué cet attentat qui visait selon lui des «conseillers américains» auprès des services secrets afghans.

Ces attaques interviennent alors que des pays comme les États-Unis et l'Allemagne ont fait part de leur intention de maintenir une présence militaire en Afghanistan au terme de la mission de la force de l'OTAN fin 2014.

Chassés du pouvoir en 2001, les intégristes talibans ont maintes fois déclaré que le retrait total des militaires étrangers était une condition sine qua non à toute négociation de paix.