Le risque d'une guerre surprise dans laquelle Israël se verrait entraîné est accru par l'instabilité au Moyen-Orient, a indiqué mercredi le commandant de l'armée de l'air israélienne.

«Quand vous regardez autour de vous aujourd'hui, je pense qu'une guerre surprise peut naître dans de très nombreuses configurations», a estimé le général Amir Eshel, cité par la télévision et la radio, lors d'une conférence près de Tel-Aviv.

«Je ne vois pas tellement une guerre surprise dans le court terme, mais elle peut naître d'incidents isolés qui pourraient dégénérer très rapidement et nous forcer à agir», a-t-il dit, sans plus de détails.

Il a affirmé que la chute du président syrien Bachar al-Assad et de son important stock de missiles aux mains des rebelles, pourrait précipiter le conflit.

«Si la Syrie s'effondrait demain (...) l'énorme arsenal qui s'y trouve (...) sera disséminé partout et il faudra agir à très grande échelle», a-t-il souligné.

Il a affirmé que la commande par la Syrie de systèmes de défense aérienne russes sophistiqués S-300 était le dernier en date d'une longue série d'achats de missiles par Damas, qui a «acheté ces dernières années les meilleurs systèmes que les Russes ont produits».

Plus tôt, un haut responsable du ministère israélien de la Défense avait pourtant assuré que la «stabilité» sur le plateau du Golan occupé et la «force de dissuasion de l'armée israélienne» dans le secteur étaient intactes malgré la multiplication récente de tirs syriens.

«La bonne nouvelle c'est que la stabilité continue sur le plateau du Golan, la force de dissuasion de l'armée israélienne n'a pas été entamée et la vie quotidienne se poursuit comme d'habitude», a estimé le général Amos Gilad, chargé des affaires politicomilitaires au ministère israélien de la Défense, dans une interview à la radio militaire.

Israël a mis en garde mardi la Syrie à la suite de nouveaux tirs contre l'armée israélienne sur le Golan occupé.

Pour la première fois, l'armée syrienne a revendiqué mardi certains de ces tirs, poussant le chef d'état-major israélien, le général Benny Gantz, à s'adresser directement au président Bachar al-Assad dans un message d'une fermeté inhabituelle pour le chef de l'armée israélienne, en général peu prolixe.

«Nous ne permettrons pas que les hauteurs du Golan deviennent la zone de confort d'Assad. S'il sème le trouble sur le Golan, il devra en subir les conséquences», a-t-il averti lors d'un discours à l'Université de Haïfa (nord d'Israël).

Le général Gilad s'est voulu confiant, soulignant qu'il ne fallait pas «perdre de vue le tableau général de la situation» et «céder à une panique injustifiée», en allusion à la possibilité évoquée par les commentateurs d'un conflit ouvert entre Israël et la Syrie, deux pays officiellement en guerre.

«Bien entendu, la stabilité (sur le Golan, NDLR) est précaire, car il faut vérifier tous les jours du point de vue des renseignements et du point de vue opérationnel que la situation n'a pas changé. Il faut être souple et conscient de la possibilité de changements», a-t-il cependant souligné.

Selon un décompte publié mardi dans le quotidien israélien Maariv, plus d'une dizaine d'incidents, la plupart des chutes d'obus, se sont produits depuis le début de l'année dans le Golan, avec une nette accélération en mai.

La semaine passée, des projectiles tirés de Syrie ont touché le mont Hermon, point culminant du Golan occupé, entraînant la fermeture de ce site touristique habituellement fréquenté.

Israël occupe depuis la guerre des Six Jours de juin 1967 quelque1200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés, une décision que n'a jamais reconnue la communauté internationale.