Le président afghan Hamid Karzaï a rencontré mardi les dirigeants indiens pour plaider en faveur d'une aide militaire accrue et s'assurer que le retrait l'an prochain de la force internationale n'entraîne pas un retour au pouvoir des talibans à Kaboul.

Une source au sein du ministère indien des Affaires étrangères a confirmé des discussions avec le premier ministre, Manmohan Singh, après une rencontre avec le président de l'Union indienne, Pranab Mukherjee.

Aucun élément n'était disponible dans l'immédiat concernant la teneur des discussions et des responsables ont indiqué qu'il n'y aurait pas de communiqué ni de conférence de presse, comme de coutume après ce genre d'entretiens.

Selon le porte-parole d'Hamid Karzaï, Aimal Faizi, le président afghan recherche auprès de l'Inde «toute sorte d'assistance pour renforcer ses institutions militaires et en matière de sécurité».

D'après une source au sein du ministère indien des Affaires étrangères, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, les discussions portent notamment sur un accord potentiel d'armement entre les deux pays.

«L'Inde est prête à répondre à toute demande qui renforcerait les institutions sécuritaires afghanes», a dit cette source. «Il (Karzaï) se rend en Inde pour discuter d'un accord potentiel d'armement», a-t-il ajouté sans plus de précisions.

New Delhi, qui craint un rétablissement du régime taliban à Kaboul après 2014, a investi en Afghanistan pour y contrecarrer notamment l'influence du Pakistan, parrain historique des fondamentalistes dans les années 1990.

L'Inde forme depuis des années des officiers de l'armée afghane, mais elle n'a fourni que peu de matériel de défense, à l'exception de quelques véhicules.

Dans un discours lundi soir après avoir reçu un diplôme honorifique décerné par une université du Pendjab (nord), le dirigeant afghan a adressé ses remerciements à l'Inde pour son soutien depuis son arrivée au pouvoir en 2001 après la chute du régime taliban.

«L'Inde a contribué à hauteur de deux milliards de dollars issus d'un argent durement gagné par ses contribuables à l'amélioration de l'Afghanistan», s'est félicité M. Karzaï, cité par l'agence Press Trust of India (PTI).

Les deux pays ont signé en 2011 un «partenariat stratégique» pour approfondir leurs liens en matière de sécurité et sur le plan économique, notamment dans l'énergie et les mines. C'était le premier accord du genre signé par l'Afghanistan.

Selon Brahma Chellaney, du département des études stratégiques au Centre for Policy Research de New Delhi, toute aide supplémentaire indienne devrait prendre la forme d'une «assistance sécuritaire indirecte» via la formation d'officiers de sécurité ou le transfert de technologies.

La visite du président Karzaï «s'inscrit dans le cadre d'échanges plus intenses entre les deux pays avant 2014. Mais l'Inde n'a aucune intention d'être sur le terrain», estime cet expert.

Toute présence indienne en Afghanistan fait grincer des dents le Pakistan, son voisin rival qui craint de perdre de son influence.

Hamid Karzaï se rend régulièrement en Inde, un pays où il fut un temps étudiant. Au cours de sa dernière visite, en novembre 2012, il avait demandé aux hommes d'affaires indiens d'investir dans son pays, promettant de leur dérouler le «tapis rouge».